Le linceul dans tous ses états - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Le linceul dans tous ses états

Le linceul de Turin est une image incomparable de la souffrance et de l’amour de Jésus. Il ne cesse d’interroger les théologiens, les historiens et les scientifiques. À l’occasion de la fête du Sacré-Cœur, qui nous ramène au Vendredi saint, France Catholique leur donne la parole, à commencer par l’historien Jean-Christian Petitfils, qui achève la rédaction d’un livre consacré au Saint-Suaire.
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« La Mise au tombeau », Les Très Riches Heures du duc de Berry, musée Condé, Chantilly.

« La Mise au tombeau », Les Très Riches Heures du duc de Berry, musée Condé, Chantilly.

On ne sait rien sur l’histoire du linceul entre l’an 33 et le IVe siècle. Quelles hypothèses peut-on formuler ?

Jean-Christian Petitfils : Les Évangiles ne nous fournissent aucune indication sur le devenir du linceul ayant enveloppé le corps de Jésus, ainsi que sur celui du petit suaire placé sur son visage, trouvés tous deux dans le tombeau. Mais le fait que ces textes les évoquent et insistent, particulièrement Jean, le disciple bien-aimé, sur leur disposition, laisse à penser qu’ils ont été précieusement conservés, et ce malgré la répugnance extrême des Juifs pour tout objet ayant touché ou approché un mort.

Selon l’évangile (apocryphe) des Hébreux, Jésus lors d’une apparition l’aurait donné au « serviteur du Prêtre », avant de se manifester à Jacques, son cousin. Au IVe siècle, l’évangile – lui aussi apocryphe – de Gamaliel ne citait pas moins de 29 fois le linceul. Il est possible que les premiers dépositaires des linges de la Passion, maculés de la sueur et du sang du Christ – le linceul, le suaire, la couronne d’épines, la sainte Tunique…  –, se soient gardés de les montrer et les aient transmis discrètement de génération en génération. Faisaient-ils partie des « choses, objets et images sacrés » que les judéo-chrétiens emportèrent en quittant Jérusalem pour Pella et Antioche en l’an 66, avertis par une prophétie de la prochaine destruction de la Ville sainte ?

Vers 340, un Père de l’Église, saint Cyrille de Jérusalem, mentionne l’existence du « linceul, témoin de la Résurrection » sans préciser où il se trouve conservé. Au VIIe siècle, l’évêque gaulois Arculfe l’aurait vu à Jérusalem.

En tout cas, on sait par le chroniqueur Jacques de Saroug (450-521) qu’en 405, le bienheureux Daniel de Galash se rendit à Édesse – l’actuelle Urfa en Turquie – en compagnie d’un moine nommé Mari, « pour recevoir une bénédiction de l’image du Messie qui s’y trouvait » et où elle était déjà fort vénérée. D’après mes recherches, je pense que cette précieuse relique dite acheiropoïète, c’est-à-dire non faite de main d’homme, y était arrivée d’Antioche, la grande ville chrétienne de Syrie, à la fin de 387.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien et du Grand Angle dans le magazine.