Au printemps 1944, un prêtre parisien, l’abbé Maxime Charles (1908-1993) est nommé aumônier des étudiants catholiques de la Faculté des lettres de la Sorbonne par le cardinal Suhard, archevêque de Paris. Tout au long des quinze années d’un ministère particulièrement dynamique, il se consacre sans trêve à l’évangélisation du milieu des étudiants parisiens dans le cadre du Centre Richelieu fondé dans ce but à l’été 1945. Le pèlerinage annuel des étudiants à Chartres, à l’occasion de la fête de la Pentecôte, constitue une des formes les plus spectaculaires de la spécificité et de la fécondité du ministère de ce prêtre. Ne compte-t-on pas 150 pèlerins issus du Centre Richelieu en 1945 et plus de dix mille en 1959 ? Quelles sont les raisons de ce succès ?
Une dimension nouvelle
Si l’abbé Charles n’est pas à l’origine de ce pèlerinage, créé en 1935 par des étudiants parisiens regroupés autour de Jean Aubonnet et rapidement encadrés par l’aumônier des étudiants en Lettres d’alors, l’abbé François Basset (1899-1943), il est celui qui va lui donner une identité et une dimension tout à fait hors du commun. Il y a en effet chez lui non seulement la conviction que tout homme est fait pour rencontrer Jésus-Christ, mais encore une volonté invincible de tout faire pour donner l’occasion de vivre cette rencontre à tous ceux dont il a la responsabilité, en particulier les jeunes, volonté qu’avait remarquée pendant la guerre le R.P. de Lubac, quand il avait rencontré l’abbé Charles à la Sainte-Baume en 1942.
Quand il arrive en Sorbonne en 1944, l’abbé Charles comprend rapidement que le pèlerinage à Chartres constitue chaque année une occasion exceptionnelle de permettre cette rencontre. Il va la saisir. La condition principale et la plus nécessaire pour mener son projet à bien est d’obtenir une large autonomie par rapport à l’organisation centralisée, contrôlée par les aumôniers dominicains de la Faculté de droit – en particulier le R.P. Ambroise Faidherbe (1901-1971) –, qui ont cependant eu le mérite de réussir à maintenir le pèlerinage durant la difficile période de l’Occupation.
Une méthode originale
Plutôt que de mélanger indistinctement ses étudiants parisiens dans les chapitres, l’abbé Charles se bat pour que les différentes composantes universitaires du pèlerinage conservent leur cohérence sur la route de Chartres. L’enjeu est de faire du pèlerinage un instrument d’apostolat, ce qui ne peut être réalisé qu’en faisant coïncider le chapitre et l’apostolat réalisé dans l’année. C’est ainsi qu’au terme de discussions parfois houleuses naît la « branche Péguy » en 1947.
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