Pardon de mon ignorance, mais lorsque fut annoncée la liste du gouvernement d’Édouard Philippe, le nom de Jean-Michel Blanquer m’était inconnu. Fort heureusement, il me fut signalé sur le champ que sa nomination comme ministre de l’Éducation nationale pourrait être la meilleure bonne surprise de cette nouvelle équipe appelée à gouverner le pays. N’avait-elle pas provoqué une mimique singulière de réprobation de la précédente titulaire de la rue de Grenelle, Najat Vallaud-Belkacem ? Ce pouvait être le signal que quelque chose d’essentiel se préparait. Et de fait, depuis lors, tout ce qui s’annonce par la voix du ministre paraît décisif pour un véritable redressement de notre système scolaire. Je sais que Jean-Michel Blanquer a ses adversaires qui dénoncent un retournement total par rapport au projet d’après-guerre qui voulait promouvoir le plus grand nombre possible grâce à un modèle unique, capable de réduire les inégalités.
Mais cette objection n’arrive pas à me convaincre, car je ne crois pas du tout que ce système ait contribué à réduire les inégalités. Il a abouti, au contraire, à enfermer dans l’échec ou à conduire sur des voies de garage un nombre considérable de jeunes, alors que la culture générale de l’ensemble s’affaiblissait. Pour notre système, les évaluations auxquelles procèdent les enquêtes internationales se sont révélées cruelles. Alors, un homme qui à lui seul prend, si j’ose dire, le taureau par les cornes pour nous tirer de la spirale de l’échec, est par définition estimable.
Je serais incapable de faire une synthèse des inflexions voulues par le ministre, qui s’accumulent de semaine en semaine. Nous en sommes, en ce moment, à la réforme du baccalauréat, un très gros dossier. Je n’en retiens qu’un détail significatif, qui concerne la philosophie. Celle-ci est définie par le rapport Mathiot, qui inspire l’esprit et les lignes de force de cette réforme, comme « une épreuve universelle ». Pour moi, c’est une excellente nouvelle, même si on peut s’interroger sur la façon dont on pourra éveiller l’intérêt des jeunes gens pour une réflexion fondamentale, que le naufrage de la culture générale a sabordé. Le principal, c’est que se réveille le désir de cette réflexion qui ouvre au sens et au goût de la vie.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 14 février 2018.