L’attente du politique - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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L’attente du politique

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Au soir de samedi, en matière d’ordre public, le bilan était vraiment mitigé. Certes, les forces de l’ordre s’étaient montrées plus réactives, et on n’avait pas l’impression désastreuse de la semaine dernière où elles avaient été constamment débordées. Pourtant, selon la mairie de Paris, les dégâts étaient encore plus importants, sur une surface plus grande. Et il n’y avait pas que la capitale. Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, marquait visiblement le coup. Et il n’y avait pas que lui. Celui de Saint-Étienne était furieux que sa ville n’ait pas été protégée. Faut-il rappeler le cas du Puy-en-Velay, où la violence n’est pas retombée, après la tentative d’incendie de la préfecture ? Beaucoup de gilets jaunes protestent qu’ils n’ont pas voulu cela. Il n’empêche qu’une telle violence les accompagne en donnant une allure insurrectionnelle à leur révolte.

Qui pourra arrêter cette violence ? Tous les regards se tournent vers le président de la république, qui, de fait, devrait prendre la parole incessamment. Il n’y a d’issue que politique à cette crise. Tout le monde en est bien persuadé. Alain Juppé, le premier, qui attend avec impatience l’intervention d’un président dont il est très proche. Emmanuel Macron se trouve donc dans cette position limite, où l’autorité doit forcer le destin, dénouer l’inextricable. Le saura-t-il ? Le pourra-t-il ? En 1968, le général de Gaulle avait d’abord connu un fiasco qui avait aggravé les choses. La seconde prise de parole devait être la bonne, à la suite d’une manœuvre surprenante, sa disparition de l’Élysée et son escapade à Baden Baden. On voit mal Emmanuel Macron se prêter à pareille manœuvre. Tout résidera dans la force performative de son discours.

Cette force ne viendra pas de subterfuges, de fausses promesses, de demi-mesures. Mais comment changer la donne économique, sans sortir de ce que les amis libéraux appellent depuis longtemps « le cercle de raison » ? Cercle de raison qui renvoie aux interdits bruxellois et aux contraintes de la mondialisation. Contraintes qui ont précisément amené aux fractures sociales d’aujourd’hui, d’où résulte l’insurrection actuelle. La réponse est pour bientôt, elle nous promet un moment d’extraordinaire tension nationale.

Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 10 décembre 2018.