A-t-on raison de réduire l’Apocalypse à une série de catastrophes ravageant la Terre ?
Don François-Xavier Pecceu : Le problème, c’est que nous ne parlons plus très bien grec et n’avons plus l’étymologie en tête : apokálupsis se traduit par « dévoilement ». L’Apocalypse, c’est donc le dévoilement des plans de Dieu. Nous n’en avons gardé que ses images saisissantes qui frappent l’imagination et qui, par conséquent, font peur.
Mais il faut rappeler que l’Apocalypse est plus large que les catastrophes, et qu’elle est avant tout un courant littéraire, un style dont le Livre de l’Apocalypse n’est pas une météorite isolée qui se serait perdue dans le Nouveau Testament !
Dans l’Ancien Testament déjà, le prophète Daniel a une vision de quatre bêtes, ainsi que d’une période de 70 semaines avant la venue du Messie… On peut aussi dire que certains passages de saint Paul ont une résonance apocalyptique, quand il évoque, par exemple, la venue de « l’Homme de l’impiété » précédant le retour du Christ (2 Th 2). Enfin, il faut évidemment citer les discours eschatologiques – sur les fins dernières – du Christ lui-même, que l’on retrouve par exemple dans l’Évangile selon saint Matthieu : « Beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi le Christ” ; alors ils égareront bien des gens. Vous allez entendre parler de guerres et de rumeurs de guerre. Faites attention ! ne vous laissez pas effrayer, car il faut que cela arrive, mais ce n’est pas encore la fin » (Mt 24, 5-6).
L’Apocalypse est-elle à venir ? Déjà en cours ? Derrière nous ?
Les trois ! C’est d’ailleurs une règle d’interprétation catholique pour toute lecture de l’Écriture sainte : considérer la dimension de la mémoire, de l’actualisation et de la fin. La dimension de la mémoire, c’est l’ancrage historique de l’Apocalypse : un texte écrit à la fin du Ier siècle, avec des allusions à l’histoire réelle, comme les « Sept Églises » qui étaient les sept communautés chrétiennes d’Asie Mineure à l’époque – même si le chiffre 7 leur fait revêtir une dimension universelle. Ensuite, l’actualisation : comment le texte m’encourage-t-il dans la foi et me permet-il de tenir bon ? Enfin, la dimension de l’attente : à la fin se trouve la Jérusalem céleste, c’est-à-dire la victoire définitive du bien sur le mal.
On a en effet tendance à voir l’Apocalypse comme un récit à venir… Comment peut-il nous aider dès à présent ?
L’autre grand malentendu consiste en effet à faire de l’Apocalypse une sorte de prophétie de fin des temps avec un scénario où chaque époque correspondrait très précisément à tel ou tel chapitre… Or, l’Apocalypse est vraiment la Parole de Dieu. Elle a donc une valeur pour nous ici et maintenant. Son enseignement, c’est que si nous l’avons par avance emporté sur le mal grâce à la résurrection du Christ, nous ne goûtons pas encore totalement les fruits de la victoire. Autrement dit, même si la Bête se déchaîne et bien qu’elle soit très impressionnante, à la fin, elle perd. L’Apocalypse est donc un message d’espérance.
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