Français de culture musulmane, vous appelez la France à affirmer ses racines chrétiennes. Pourquoi cet engagement ?
Amine Elbahi : Je suis issu d’une double culture franco-algérienne, et j’ai grandi dans un quartier populaire à Roubaix, une des villes les plus pauvres de France. J’ai été élevé au sein d’une famille monoparentale. Ma mère s’est saignée aux quatre veines pour m’inscrire à l’internat Sainte-Marie. Elle ne voulait pas que j’aille dans le public parce qu’il ne parvient plus à former des êtres de culture. Si de nombreux parents musulmans se tournent vers le privé, c’est qu’ils savent que le public n’offre plus l’exigence, le respect de l’autorité du maître ou de l’histoire de France. Hélas, aujourd’hui, pour certains jeunes issus des quartiers populaires, la France n’est plus qu’un lointain souvenir. J’aime la France et je voudrais que cette France éternelle reste la France.
Pourquoi faudrait-il inscrire notre héritage chrétien dans la Constitution ?
La France est en train de creuser sa propre tombe parce qu’elle a renoncé à ce qu’elle est, au sacré, à son identité. Elle déboulonne ses statues, elle délaisse son patrimoine religieux. Nous accueillons des populations qui n’ont pas renoncé à ce qu’elles sont et qui veulent imposer leur fierté et leur culture. Qu’avons-nous à leur offrir si nous renonçons à deux mille ans d’histoire chrétienne ? Sans politique d’assimilation, ni politique familiale encourageant la natalité, nous assistons à une « déprogrammation » de la société française. Il faut sauver la nouvelle génération qui vit à l’époque des réseaux sociaux, du matérialisme, du consumérisme. Elle ne retient rien et grandit entre une culture de l’effacement et une rupture de transmission qui va laisser place au vide et à la radicalisation.
Qu’est-ce que la constitutionnalisation de nos racines changerait à cette situation ?
En reconnaissant l’identité chrétienne de la France dans la Constitution, nous retrouverons une boussole. La Constitution a pour rôle d’impulser un projet de société. Plus rien ne fait nation aujourd’hui. Les églises, qui étaient bastions de foi et de communion, se vident. Elles témoignent de ce qu’a été la France, et de ce qui peut être demain un projet fédérateur, de réconciliation. Au lieu d’y inscrire le droit à l’avortement, il faut regarder la Constitution comme un sanctuaire, comme une table de transmission des valeurs et des codes sociétaux et moraux. Si on veut rebâtir une politique d’accueil et d’assimilation digne, il faut pouvoir raconter une histoire.
Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- LE POT AU NOIR DE L’ASCENDANCE HUMAINE
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte