Dans un précédent article, je parlais du spectaculaire échec de la femme moderne à bien élever ses garçons et à les pousser à apprendre de grandes choses. Bien sûr, elle est loin d’être seule à blâmer : pères absents, hommes qui ne veulent pas défendre les droits de leurs garçons, ordures de la pornographie, et absurdités dans l’éducation qui font plus de mal aux garçons qu’aux filles. Ces dernières vont être favorisées pour la même raison que celle qui vous fait sacrifier un pion pour prendre le cavalier de votre adversaire : fille sur fou de la reine 4 (girl to queen’s bishop four).
Mais le fait est là, sous les yeux de tous et scandaleux. Pourtant, cela ne gêne pas, parce que le but n’est pas d’élever des hommes forts, les anciens du village de l’ancien temps ou en ville ces pères qui s’occupaient des besoins de leur femme et de leurs enfants et les protégeaient, dégageant le terrain pour une liberté authentique et l’autonomie.
Le but n’est pas non plus le bien-être des filles et des femmes parce qu’il est aussi en lien avec des familles solides et indépendantes. Notez qu’à d’autres égards le régime féministe est remarquablement cavalier quand il s’agit de la santé des femmes qu’il prétend protéger, éliminant le lien évident de l’avortement avec le cancer du sein, ou les données de la criminologie selon lesquelles la personne la plus en sécurité aux Etats-Unis est une femme mariée vivant au foyer avec son premier et unique mari.
Le but n’est pas de bâtir mais de démolir, ou au moins de rendre les garçons et les jeunes hommes incapables de bâtir. Quatre choses sont ici en jeu, comme je les vois.
L’une est une ignorance féministe provoquée : un refus de regarder les faits les plus évidents qui concerne les sexes, mâle et femelle, faits l’un pour l’autre. La féministe est exclusive à cet égard : son péché originel est de séparer le bien de l’homme du bien de la femme. C’est Hobbes avec lipstick et mascara.
Une autre est une version de ce que Max Scheler appelle ressentiment, la fierté maladive de la femme moderne à se considérer comme une victime depuis des temps immémoriaux et qui transforme la rancune en vertu. Les gens ordinaires ont honte de dire qu’ils ont été des ballots et des victimes ; la femme moderne s’en glorifie. Une femme raisonnable est froissée d’apprendre que son arrière-grand-père battait sa femme. La femme moderne est froissée d’apprendre qu’il ne le faisait pas. C’est le martyre sans courage ni foi.
Une troisième chose est l’envie. Si vous ne pouvez les égaler, écrasez-les. La femme moderne, au fond d’elle-même, comprend que les garçons en bonne santé et les hommes forts peuvent faire d’excellentes choses si on leur laisse quelque espace. Elle comprend que les garçons forment naturellement des équipes, qui ne sont nullement toujours en rapport avec l’athlétisme : « équipes » pour les échecs, la musique, la construction d’un fort, la chasse, n’importe quoi. Les garçons se développent grâce à cela. Cela ne peut être autorisé. On doit les accuser de vouloir exclure. Ils doivent admettre les filles, et ensuite ils s’éclipsent faute d’intérêt. C’est une interaction sociale sans amitié solide.
La dernière est la cupidité ; non pas nécessairement l’accumulation des richesses, mais l’ambition, le goût du pouvoir. La plus grande chose chez nous est l’Etat Jabba – 1. Millions de secrétaires bien rémunérés, directeurs du personnel, avocats, conseillers et responsables de la conformité qui s’engraissent des restes qui tombent de la table de Jabba. Tout ce qui nourrit Jabba doit être promu. Tout ce qui menace de placer une clôture électrique à sa portée doit être abattu, sans pitié. C’est un culte sans Dieu.
Voici un diagnostic. La présidente de Harvard, Drew Gilpin Faust, elle-même diplômée de Bryn Mawr qui est réservé aux femmes, condamne les « final clubs » [clubs de fin d’études) de Harvard. Onze sur les treize clubs sont unisexe : cinq pour femmes, six pour hommes. Les clubs sont privés et indépendants, et ne reçoivent pas un cent de l’école. Les étudiants peuvent y adhérer ou non, à leur gré.
La malheureusement nommée Faust ne se contente pas de diffamer les clubs. Elle menace de punir les étudiants qui y adhèrent en les rendant inéligibles pour diriger un club ou une équipe du campus, et en leur refusant certaines lettres de recommandation dont ils auront besoin s’ils veulent postuler pour une scolarité à Rhodes ou à Marshall.
Elle déroule les habituels couplets calomnieux, questions sans réponses, slogans politique. Les clubs provoquent un déséquilibre de « pouvoir ». Ils ne préparent pas les étudiants à la vie du XXIème siècle. Ce sont des « réserves de mâles ». Ils contreviennent à l’engagement de Harvard pour la « diversité ». Macht schnell, ihr Schweine ! » 2
Des critiques qui se croient conservateurs ont reproché au Dr Faust d’essayer d’éliminer précisément la chose dont elle dit qu’elle veut la promouvoir : la diversité. Pourquoi les étudiants devraient-ils avoir à adhérer à une seule sorte de club, de la sorte que Faust approuve ?
Comme beaucoup d’étudiantes le notent avec aigreur, elle a suivi les cours de Bryn Mawr, après tout. Pourquoi les clubs féminins devraient-ils être les dommages collatéraux de sa guerre ? En réalité, il apparaît que ces étudiantes ont demandé à la « poigne de fer » une exemption. Ecrasez nos frères, mais laissez-nous tranquilles.
Ces critiques ne comprennent pas la sorte de guerre qu’ils mènent. Ils s’attaquent à des chars d’assaut en pointant des bâtons. Dans cette guerre il n’est pas question de choix. Il est question de nature. Les hommes et les femmes parfois, pour employer l’affreux mot qui transforme quelque chose de naturel en quelque chose de pervers, sont homosociaux. C’est quelque chose que vous remarquerez lors d’une soirée, une séparation naturelle, hommes et femmes gravitant vers les membres de leur propre sexe, parce qu’ils trouvent cela confortable et agréable. Le naturel doit être écrasé.
Voici ce que nous devons demander pour toute politique sociale ou concernant l’éducation. Les réponses sont prédéterminées. Cela va-t-il aider les deux sexes, mais les garçons plus que les filles ? A supprimer.
Cela va-t-il nuire aux deux sexes, mais aux garçons plus qu’aux filles ? A retenir.
Cela va-t-il saper la famille. A promouvoir.
Cela va-t-il déboucher sur moins d’amour entre les hommes et les femmes, même en contraignant hommes et femmes à vivre ensemble ? A promouvoir.
Cela va-t-il renforcer le lien entre frères-d’armes, mari et femme, mère et enfant. A supprimer.
Cela va-t-il remplacer les pères par des agents du gouvernement ? A promouvoir.
Cela garnit-il le portefeuille de ceux qui huilent la machine bureaucratique ? A promouvoir.
Cela nuit-il à l’Eglise ? A promouvoir – hardiment.
La grâce s’ajoute à la nature. Est-ce un bon terrain pour la grâce ? Réduisez-le ou empoisonnez-le.
20/6/2016
Photo : Drew Gilpin en 1957.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/06/02/failure-by-design/
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