Donner aux enfants l’envie de la messe - France Catholique
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Millénaire de la cathédrale de Chartres
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Donner aux enfants l’envie de la messe

Comment expliquer aux plus jeunes une réalité aussi vaste que l’Eucharistie ? L’Église donne aux parents, prêtres et éducateurs de nombreuses clés. Mais le vrai pédagogue de ce mystère, c’est le Christ lui-même !
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« Il faut considérer les enfants comme des adultes dans la foi. »

« Il faut considérer les enfants comme des adultes dans la foi. »

© Pascal Deloche / Godong

Dans son encyclique intitulée L’Église vit de l’Eucharistie (2003), Jean-Paul II écrivait : « Même lorsqu’elle est célébrée sur un petit autel d’une église de campagne, l’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l’autel du monde. Elle est un lien entre le ciel et la terre. Elle englobe et elle imprègne toute la création. » Chaque Eucharistie est un « événement mondial », souligne pour sa part le Père Jean-Marc Bot, dans un petit ouvrage très pédagogique, La Messe expliquée simplement (Artège, 2016). « Chaque messe, même limitée à un très petit nombre de participants, rayonne sur le monde entier la grâce du salut qui vient du Christ », précise-t-il.

Cette vérité ineffable, comment l’expliquer aux plus jeunes ? Le défi est d’autant plus difficile à relever qu’il s’inscrit dans un contexte de sécularisation, de matérialisme et d’individualisme croissant qui relègue au loin tout élan spirituel, et toute préoccupation surnaturelle. Sans compter, de manière plus prosaïque, l’inflation des activités chez les plus jeunes, et bien sûr la multiplication des écrans.

Bref, « il faut beaucoup plus d’ingéniosité et de patience qu’autrefois. Désormais, pour capter leur attention, on a recours à des petits livres, à des coloriages, ce qui est sans doute très utile. Mais je pense qu’il faut considérer les enfants comme des adultes dans la foi et prendre garde aux enfantillages », estime l’abbé Christian Venard, prêtre du diocèse de Monaco.

Connaître

Les expérimentations catéchétiques récentes ont souvent « ringardisé » la méthode des questions/réponses, apprises par cœur au moment de l’enfance. La méthode pouvait sembler bien scolaire et mécanique, mais elle présentait l’avantage de constituer un socle de connaissances, au cœur des intelligences et des âmes, sur lequel il était possible de bâtir une vie spirituelle authentique et autonome. Souvenons-nous par exemple du Catéchisme de saint Pie X (1906) : « Question : Quel est le plus grand des sacrements ? Réponse : Le plus grand de tous les sacrements est le sacrement de l’Eucharistie, parce qu’il contient non seulement la grâce, mais encore Jésus-Christ, auteur de la grâce et des sacrements. »

Dépassé ? Hermétique ? Si l’on observe le détail des questions auquel répond ce célèbre catéchisme, on constate qu’en un peu plus d’un siècle, les interrogations des enfants n’ont guère varié : « Quand Jésus est dans l’hostie, cesse-t-il d’être au Ciel ? » ; « Quand on divise l’hostie, divise-t-on le Corps de Jésus-Christ ? » ; « Jésus est-il autant dans la parcelle d’une hostie que dans une grande hostie ? » Des questions auxquelles il faut savoir répondre avec sérieux.

« Il est indispensable de dire les choses avec les mots de l’Église »
, affirme l’abbé Venard. « Il serait ainsi aberrant que le mot “transsubstantiation” ne soit pas utilisé une seule fois durant une préparation à la première communion, au prétexte qu’il serait compliqué. Alors que c’est le seul mot qui existe pour décrire ce qui se passe durant l’eucharistie. » De même, la liturgie doit être l’objet de toutes les attentions : si elle exprime le mystère et la transcendance, elle devient une catéchèse en actes.

Accompagner

Cette approche verticale de la catéchèse a été fragilisée, sinon anéantie, par une forme de pédagogisme qui a influencé les manuels de catéchisme. On peut le regretter, même si elle ne peut se suffire en soi, l’objectif fondamental étant de créer une véritable soif de l’Eucharistie chez les enfants. Qui veut la susciter doit bien sûr être exemplaire en la matière. Mais il convient de faire preuve de beaucoup d’humilité : il n’existe aucun « truc »…

Claire de Féligonde, auteur de Maman prie avec ses enfants (Mame, 2023) et des podcasts « Maman prie », explique ainsi prioritairement aux plus petits qu’elle est elle-même dépassée par le mystère et qu’à chaque communion, elle demeure « hébétée par la surprise, par l’émerveillement de savoir que Jésus se donne à elle ». Par de petits gestes, elle s’efforce de sensibiliser ses enfants à la profondeur de ce mystère en leur apprenant la génuflexion, en priant devant le tabernacle, ou en adorant quelques minutes devant un ostensoir.

Prier

Mais que dire à un enfant qui s’étonne, comme bien des adultes d’ailleurs, que la communion ne génère aucun effet sensible en lui, qu’elle n’agit pas comme une « potion magique » ? On ne manquera pas de lui parler des effets à terme de la communion, à savoir « la force […] de grandir en tant qu’homme, de surmonter [s]es vices et de mûrir humainement », comme l’expliquait Benoît XVI en 2005 à une assemblée d’enfants. On pourra aussi donner en exemple ces jeunes saints et bienheureux qui, de Tarcisius à Carlo Acutis, ont manifesté un amour immense de l’Eucharistie.

Mais on aura beau aborder cette question de toutes les manières possibles, il ne sera pas possible d’y répondre sans passer par l’étape de la foi. On ne démontre pas la Présence réelle : on y croit. « C’est un acte de foi, et la foi est un don qui se demande », précise Claire de Féligonde, qui encourage les enfants à prier pour obtenir cette foi. « Aide-moi à croire. Montre-moi que tu es dans l’hostie… »

Pour accompagner les enfants sur cette voie, la prière des parents est essentielle, affirme la jeune femme : « Il faut prier pour que grandisse la foi des enfants. C’est très important… et très efficace. » L’abbé Venard le confirme : « Il faut faire confiance au Bon Dieu. Nous ne sommes que des instruments entre ses mains. Le seul qui puisse donner soif, c’est Jésus ! »