Il y a huit jours, j’ai déjà évoqué la situation du diocèse de Fréjus-Toulon, affecté par une décision romaine qui interdit à l’évêque Mgr Dominique Rey, de procéder aux ordinations qui étaient prévues pour la fête de saint Pierre et de saint Paul. Je déplorais le manque d’informations précises pour justifier une telle décision vraiment exceptionnelle. Mais comme il fallait s’y attendre, mes confrères de l’information religieuse, ceux de l’hebdomadaire La Vie, des quotidiens La Croix et Le Figaro, se sont mis en quête sur place, et jusqu’à Rome, pour éclairer le dossier. Et de ce fait, l’affaire ne cesse de prendre de l’importance et revêt même une gravité qui atteint toute l’Église de France.
L’article de Jean-Marie Guénois, une page entière du Figaro, se signale par un titre bien senti : « Ces catholiques de France désemparés par la méfiance de Rome. » La Croix, qui consacre deux pages à ce qu’elle appelle « des dérives locales », qui expliqueraient la sanction romaine, prend une position tranchante à l’égard de Mgr Rey. Dans un éditorial signé Jérôme Chapuis, on peut lire qu’« en matière d’évangélisation le succès ne peut servir de paravent ». La formule est pour le moins ambiguë. Il s’agirait de savoir s’il y a compatibilité entre l’évangélisation dont on reconnaît le succès et des abus qui relèvent d’un autre esprit que celui de l’Évangile. Il peut y avoir des erreurs ou des fautes de gouvernement de la part d’un pasteur, mais cela n’enlève rien à la qualité de son action missionnaire dont on peut apprécier les fruits, conformément au conseil du Christ lui-même.
Dans l’immédiat, il n’est pas possible de déterminer comment s’achèvera cette affaire douloureuse. L’Église de France a déjà été suffisamment marquée par les départs du cardinal Barbarin à Lyon, de Mgr Aupetit à Paris, il est inutile d’ajouter d’autres blessures, à moins que les épreuves ne finissent par se traduire par un nouvel élan pentécostal.
