De Notre-Dame du Laus à Notre-Dame de Fatima : l'Immaculée Conception révélée par les apparitions - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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De Notre-Dame du Laus à Notre-Dame de Fatima : l’Immaculée Conception révélée par les apparitions

Des apparitions du Laus, au XVIIe siècle, jusqu’à celles de Fatima, en passant par Lourdes, Marie révèle peu à peu son Immaculée Conception, afin de montrer que seul son secours permet de lutter contre le péché.
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Catherine Labouré et la Vierge Marie, chapelle Notre-Dame de la Médaille miraculeuse.

Catherine Labouré et la Vierge Marie, chapelle Notre-Dame de la Médaille miraculeuse.

© Fred de Noyelle / Godong

«Dès le premier instant de sa conception, par une grâce et un privilège spécial du Dieu tout-puissant en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, la bienheureuse Vierge Marie a été préservée et exempte de toute tache du péché originel. » C’est en ces termes que, le 8 décembre 1854, Pie IX définit par la bulle Ineffabilis Deus le dogme de l’Immaculée Conception de Marie. Le pape reconnaît alors une croyance ancrée dans l’Église depuis ses origines, présente dans les Évangiles de Matthieu et Luc, défendue par saint Bonaventure (v. 1217-1274) ou le bienheureux Duns Scot (mort en 1308) mais contestée à travers les siècles, même par saint Thomas d’Aquin.

« Le refuge des pécheurs »

Après maintes péripéties, la croyance que la Vierge fut préservée dès sa conception du péché originel en raison des mérites à venir de son Fils s’impose au cours du XVIe siècle, sans être ratifiée par le concile de Trente ni aucun des papes qui se succèdent ensuite.

C’est la Vierge elle-même qui révélera peu à peu cette qualité essentielle de sa personne à travers plusieurs apparitions – à partir de 1664, date de la première apparition à Benoîte Rencurel, au Laus, dans le diocèse d’Embrun, jusqu’à Fatima en 1917.

Au Laus, les faits se poursuivent un demi-siècle, avec miracles, grâces, mais aussi persécutions contre la voyante, tant d’un clergé janséniste que du démon. Ils s’accompagnent d’un message clair : la Vierge vient inviter les pécheurs à se convertir et, par là, à s’approcher de la communion sans crainte ni scrupule. Elle le dit d’emblée à Benoîte Rencurel, lui annonçant la restauration de la chapelle Notre-Dame de Bon-Rencontre « car beaucoup de pécheurs et de pécheresses s’y convertiront ». Marie se présente comme « le refuge des pécheurs ». C’est le pardon et la miséricorde qu’elle promet aux repentants. En quoi Notre-Dame revendique-t-elle là, de manière voilée, son Immaculée Conception ? En cela qu’elle ne pourrait mériter ce titre de Refuge des pécheurs, que lui donnent les Litanies de Lorette, si elle n’était pas étrangère au péché dès sa conception. Cette préservation du péché lui permet d’être le seul intermédiaire entre le pécheur repentant et son Fils, juge suprême dont elle peut fléchir la sévérité. Sans se substituer à lui dans le pardon car Jésus demeure seul et unique Sauveur.

Il faut noter que l’insistance de la Vierge à s’affirmer préservée de la tache originelle intervient quand l’humanité, « éclairée » par les philosophes des Lumières, rejette à la suite de Rousseau l’idée même de faute : « L’homme naît bon » – assertion qui déconstruit la foi catholique puisqu’elle rend inutile la Rédemption, l’homme sans péché n’ayant pas besoin d’être sauvé. En s’affirmant préservée du péché de nos premiers parents, Marie rappelle la réalité de la rupture entre l’homme et Dieu qui nous vouerait à la damnation sans l’Incarnation et la Croix du Fils. Il s’agit donc de remettre en évidence le plan divin pour le salut des hommes, face au nouveau paradigme imposé par la Révolution d’une humanité libérée d’un Dieu devenu inutile.

L’invitation pressante de Marie

La lutte pour la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception prend donc une dimension contre-révolutionnaire – les ennemis de l’Église le comprennent parfaitement. Elle se veut remède puissant et agissant contre ces « temps mauvais », mauvais parce que la Croix a été au préalable renversée.

C’est ce dont Marie parle à Catherine Labouré lors de sa première apparition rue du Bac à Paris, la nuit du 19 juillet 1830. Et lors de la seconde, le 27 novembre, elle se dit « conçue sans péché », par l’inscription à l’envers de la médaille miraculeuse, intercédant pour ceux qui ont recours à elle. Cette revendication – que Mgr de Quelen, archevêque de Paris, relaie en faisant frapper la médaille – apparaîtra à Rome comme une invitation pressante à promulguer le dogme. Que Marie s’y montre écrasant sous son pied la tête du Serpent rappelle qu’elle n’en aurait pas le pouvoir si elle n’était pas la Nouvelle Ève, celle qui n’a pas écouté le démon et n’en est pas devenue l’esclave, seule entre toutes les femmes.

La révélation de Lourdes

La rue du Bac contribue, avec le grand courant marial qui suit l’événement de 1830, à convaincre Pie IX – reconnaissant du secours apporté lors de la révolution romaine de 1848 – de promulguer le dogme en 1854. Quatre ans plus tard, les dix-huit apparitions de Lourdes attestent le bien-fondé de son geste. C’est le 25 mars 1858, jour de l’Annonciation, qui l’élève au rang impensable de Mère du Créateur, que Marie révèle son identité à Bernadette en une formule : « Je suis l’Immaculée Conception » qui laisse pantois les théologiens car Marie se définit par son premier privilège. En réclamant « prière et pénitence », elle donne les remèdes nécessaires au salut d’un monde qui, sans cela, continuera de rouler à sa perte.

C’est encore la condition sine qua non posée à Pontmain, le 17 janvier 1871, pour mettre un terme à la guerre et à l’invasion de la France par les Prussiens : « Mais priez, mes enfants. » Si son Fils l’exauce et se laisse toucher, c’est qu’elle le lui demande et qu’elle retient une fois encore son bras levé pour châtier les pécheurs – un bras « si lourd » qu’elle déplorait en 1846, à La Salette, ne plus pouvoir le désarmer tant les hommes « faisaient peu de cas » de celle « qui priait sans cesse » pour eux…

C’est parce que ses avertissements répétés n’ont pas porté leurs fruits, alors même que la Première Guerre mondiale ouvre un déferlement de châtiments jamais vu, que Notre-Dame apparaît à Fatima, entre mai et octobre 1917. Elle y annonce des catastrophes pires encore si Rome ne consacre pas la Russie à son Cœur immaculé et « si l’on ne cesse d’offenser Dieu », ce qui est la racine de tous les maux. Sans quoi elle ne pourra intervenir pour empêcher le châtiment.

Là encore, elle appelle à la prière et à la pénitence pour toutes ces âmes qui se perdent « car personne ne prie et ne se sacrifie pour elles ». Elle donne la dévotion à son Cœur immaculé comme remède, voulu par son Fils – l’un des derniers permettant de recourir à la miséricorde divine avant qu’il ne soit trop tard, parce qu’il est étroitement uni au Sacré-Cœur de Jésus, tel qu’il figure sur la Médaille miraculeuse.

Ainsi, privilèges et puissance de l’intercession de Marie découlent-ils tous de son Immaculée Conception, donc des mérites de Son Fils.