Ainsi Emmanuel Macron serait aux prises avec une véritable crise politique en raison du climat de violence qui s’est créé ces jours-ci, à la suite de plusieurs événements dont un tabassage commis par des policiers à l’encontre d’un producteur de musique à Paris. Celui-ci a donné lieu à beaucoup d’émotion. Est-il juste pour autant de concentrer toute l’attention sur des violences policières qui entacheraient profondément l’image des forces de l’ordre ? Non, parce que ces forces de l’ordre sont elles-mêmes l’objet d’agressions incessantes, jusque dans leurs domiciles privés. Et lors de la manifestation de samedi à Paris pour protester contre ces violences et le projet de loi sur « la sécurité globale », un policier a, bel et bien, été tabassé sans ménagement sur le pavé.
On peut mettre en cause une certaine confusion qui règne en ce moment, avec toutes les accusations qui volent en sens contraires. Il y aurait lieu d’établir une clarification du côté des pouvoirs publics, de telle façon qu’on reprenne confiance, notamment dans les procédures de vérification des enquêtes administratives. Clarification aussi à l’intérieur du gouvernement où Gérald Darmanin semble en difficulté. Mais plus généralement, on peut s’inquiéter du climat de l’opinion publique. Sans doute celle-ci se manifeste très majoritairement en faveur du maintien de l’ordre, même lorsqu’il entraîne des ripostes musclées. Mais il se forme aussi une minorité conséquente coalisée avec vigueur contre l’ordre policier qu’elle dénonce.
D’où la possibilité d’un phénomène générateur d’incompréhension et surtout de schisme social. Avec des conséquences durables pour la santé morale d’un pays, qui n’a vraiment pas besoin de cela, alors qu’il affronte une crise sanitaire et une crise économique qui requièrent la solidarité de tous.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 novembre 2020.