Charlie Hebdo : mon contraire, mon frère - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Charlie Hebdo :
mon contraire, mon frère

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L’horreur, la stupéfaction, la tristesse… L’attentat meurtrier qui a eu lieu hier dans les locaux de Charlie Hebdo suscite les sentiments les plus à vif. La tête d’un journal décapitée en quelques instants par des meurtriers qui ont agi avec un sang froid glaçant, cela nous atteint, notamment nous les journalistes, directement au cœur. Avant toute réflexion un peu élaborée sur le sens d’un tel événement, il y a une sorte de tristesse profonde qui vous envahit et qui ressemble à l’expression d’une fraternité souterraine et élémentaire. C’est peu de dire que la ligne éditoriale de Charlie Hebdo ne rejoignait pas souvent mes convictions, elle les a heurtées plus d’une fois. Cela n’empêche pas que ce qui se détache d’abord en moi, ce sont des visages qui me sont fraternels au-delà de toutes nos différences.

Demain, ce qui sera le plus insupportable, justement, ce sera de ne plus avoir en face de soi ces visages, ne serait-ce que pour les interpeller, éventuellement pour s’engueuler avec eux. Mon frère, ce peut être aussi mon contraire. Cette expression me revient spontanément, elle était familière au philosophe Jean Guitton, qui vous accueillait dans son bureau entre les deux portraits de Pascal et de Spinoza. L’auteur des Pensées c’était le visage aimé de l’inspirateur, mais Spinoza c’était l’interlocuteur indispensable auquel s’opposer pour dépasser les certitudes superficielles et rebondir dans d’autres espaces. Équivalemment, il peut se produire le même type de relation avec des journalistes adversaires et avec des caricaturistes. Nous ne pouvons, littéralement, pas vivre sans eux.

Parmi les morts de Charlie Hebdo, que je ne puis évoquer tous, il y a cette figure emblématique du doyen, Georges Wolinski, lié à toute la culture soixante-huitarde et post soixante-huitarde avec toutes ses contradictions et ses impasses. Je porte une attention particulière à Bernard Maris 1, économiste très indépendant et qui avait publié récemment un essai très original sur Houellebecq économiste. Mais je ne veux oublier personne, et sûrement pas les deux policiers qui ont donné leur vie pour protéger leur prochain, et aussi la liberté de l’esprit.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 8 janvier 2015.

  1. Il nous était proche notamment par la fidèle et généreuse amitié qu’il avait pour Angèle de Radkowski, la fille de Stanislas Fumet, et la veuve de l’économiste génial, et si peu reconnu, Georges-Hubert de Radkowski