« Au lieu de les raser, faisons revivre nos églises par la prière » - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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« Au lieu de les raser, faisons revivre nos églises par la prière »

Dans son dernier livre, l’ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, affirme qu’il sera « impossible » de sauver toutes les églises de France, dont beaucoup pèsent sur les finances des communes. Interrogée dans l’émission C à vous sur le fait de savoir s’il fallait « raser » certaines églises, l’ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a marqué un silence éloquent. Entretien avec Philippe de La Mettrie, président de l’association Priants des campagnes, qui cherche à maintenir une vie de prière dans les églises rurales.
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Église de Gesté, Maine-et-Loire, détruite en août 2013.

Église de Gesté, Maine-et-Loire, détruite en août 2013.

© Romain Bréget / CC by-sa

Selon Roselyne Bachelot, il faudra bientôt choisir les églises à sauver et sacrifier, par exemple, celles « sans grand intérêt », à l’image des églises du XIXe siècle… Que cela vous inspire-t-il ?

Le plus violent dans cette séquence, c’est que, lorsque la journaliste lui parle de « raser » certaines églises, Roselyne Bachelot ne la dément pas. Or, pour les villageois qui vivent à côté de ces églises, pour les citadins qui viennent de temps à autre, ces églises restent leur église ! Traiter cela d’une façon technocratique peut blesser la partie de la population attachée au patrimoine cultuel et culturel. Le raisonnement de Roselyne Bachelot est purement financier, froid. Il n’a pas d’âme : ces églises coûtent cher, donc on les rase. Tout le monde le sait que ça coûte cher, mais trouvons une solution, ensemble !

Ces églises sont-elles vraiment sans « grand d’intérêt » ?

Il ne s’agit pas d’un jugement honnête. Je parcours la France et je peux vous dire que non seulement ces églises sont belles, mais qu’en plus elles attirent du monde aussi bien à l’intérieur que pour admirer l’extérieur ! Roselyne Bachelot oublie également que ces églises sont des lieux de silence, de recueillement, de paix… Ce sont les seuls lieux aujourd’hui où, grâce à des murs épais, nous sommes coupés de ce monde d’agitation et de performance. Il faut les conserver !

Comment faire ?

Ce ne sont pas les pierres qui sauveront la prière, mais la prière qui sauvera les pierres. Il n’y a pas trop d’églises en France, mais il y a trop d’églises qui n’ont pas assez de fidèles. Par tous les moyens, il faut faire en sorte que chaque église vive et revive par la prière et qu’elle conserve sa vocation de lieu de prière et donc la préservation du patrimoine… La loi de 1905 oblige les mairies à entretenir les églises dès lors que s’y déroulent des célébrations liturgiques. Il ne faut donc pas manifester dans la rue, mais se manifester dans les églises : aller y prier, les éclairer le soir, faire sonner les cloches, demander aux prêtres de venir célébrer la messe. Et l’on peut y organiser, en plus, des activités culturelles… Le plus important : montrer que c’est parce que les personnes prient dans l’église qu’elles portent aux autres la foi, l’espérance et la charité. Je vois un signe d’espérance dans le mouvement de retour vers le monde rural de certains citadins …

On en revient tout de même au problème du coût que représente l’entretien de ces églises…

C’est notamment pour cette raison que l’association Priants des campagnes vient de prendre une initiative : créer un fonds de dotation pour aider les mairies, les collectivités locales, à trouver des financements pour conserver leurs églises. On ne peut sauver ces églises qu’ensemble, croyants et non-croyants.

Par qui les églises de France sont-elles menacées ?

Le danger vient du climat général, de notre civilisation dans laquelle on perd le sens du spirituel et donc de chacun d’entre nous. L’État, avec sa loi de 1905, encourage peut-être ce mouvement, mais les responsables, c’est nous. Je crois que les catholiques se sont enfouis depuis trop longtemps. Aujourd’hui, nous sommes certes considérés comme minoritaires, mais cela est une force et doit nous pousser à agir, pour que ceux qui ne croient pas se demandent d’où vient notre espérance.

Que conseillez-vous à ceux qui sont attachés à leur église, afin d’éviter qu’elle soit, à terme, détruite ou vendue ?

Nous leur conseillons d’abord d’avoir un gardien des clés, avec l’accord du maire et du curé desservant, qui puisse ouvrir et fermer l’église. Ensuite, il faut susciter un groupe de prière, de sorte que l’église retrouve ou poursuive régulièrement sa vie de prière. Enfin, il faut créer une association loi 1901, qu’elle s’intitule « Association des amis de l’église de… » ou « Association de sauvegarde de l’église de… » ! Pour cela, trois personnes suffisent. Ce réflexe est important : car dès lors, vous existez vis-à-vis du monde civil. Enfin, il faut évoquer l’église dans les journaux locaux, beaucoup plus lus qu’on ne le pense. Toutes ces propositions semblent petites, évidentes, mais encore faut-il y penser. Car c’est ainsi que l’on peut réchauffer des cœurs endurcis.