Arnaud Beltrame : aimer jusqu'à la fin. - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Arnaud Beltrame : aimer jusqu’à la fin.

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Que pouvons-nous ajouter aux témoignages des proches de celui que la France entière honore comme un héros ? Il n’y a rien à ajouter aux paroles du père Jean-Baptiste, de l’abbaye de Lagrasse, qui le préparait au mariage et qui s’est rendu à son chevet pour lui donner les derniers sacrements : « Il me semble que seule sa foi peut expliquer la folie de ce sacrifice qui fait aujourd’hui l’admiration de tous. Il savait comme nous l’a dit Jésus, qu’“il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15,13). Il savait que, si sa vie commençait d’appartenir à Marielle (son épouse) elle était aussi à Dieu, à la France, à ses frères en danger de mort. Je crois que seule une foi chrétienne animée par la charité pouvait lui demander ce sacrifice surhumain. » Sa mort offerte le vendredi de la Passion, alors que nous nous préparions à entrer dans la grande semaine de l’année, requiert simplement notre méditation. Il n’y a pas d’autre possibilité de réfléchir au sens d’un tel sacrifice, autrement qu’au moyen de paroles de l’Évangile : « Ayant aimé les siens il les aima jusqu’à la fin » (Jn 13,1). Ce verset de saint Jean est susceptible de plusieurs traductions. Celle de Louis Segond est-elle la plus fidèle à la lettre du texte ? Elle a au moins le mérite d’expliciter ce qui était dans le cœur de l’évangéliste : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il mit le comble à son amour pour eux. »

N’est-ce pas un sentiment proche de celui-là qui a inspiré à Arnaud Beltrame son sacrifice ? Il savait très bien à quoi il s’exposait en prenant la place de l’otage du terroriste qui n’avait d’autre dessein que d’exercer son triste ouvrage de tueur. On peut penser qu’il a fixé en lui l’image de celle qu’il se préparait à épouser devant Dieu. C’était plus que du courage, celui dont un officier de gendarmerie est habité, du fait de son engagement. C’était l’offrande de soi-même déployée jusqu’au comble de l’amour du prochain. Bien sûr, les chrétiens ne sont pas les seuls à faire preuve d’une telle offrande. Nous connaissons tous autour de nous des gens admirables capables d’héroïsme et d’amour suprême.

Mais dans le cas d’un chrétien, c’est l’imitation du Christ qui inspire l’héroïsme et l’offrande d’amour, ce qui confère à notre humanité une singulière densité. Cet amour trouve sa source en Dieu Trinité et dans l’exemple du Christ livré en son don suprême. C’est la spécificité absolue du message chrétien. C’est Dieu lui-même, en la personne du Fils, qui s’est révélé comme offrande pure. Et c’est pourquoi, chrétiens, nous croyons en lui, comme Arnaud Beltrame, car seul l’Amour est digne de foi. 1

  1. Cf. Hans Urs von Balthasar : « De même qu’aucun enfant ne s’éveille à l’amour sans être aimé, ainsi aucun cœur d’homme ne commence à comprendre Dieu sans la libre offrande de sa grâce, dans l’image de son Fils » (L’amour seul est digne de foi, Parole et Silence).