Qu’est-ce que « Jeanne2031 » ?
Thibaud Collin : Une proposition à se mettre à l’école de sainte Jeanne d’Arc dont nous commémorerons le 600e anniversaire de la mort en 2031. Se mettre à son école signifie d’abord prier Dieu par son intercession mais aussi pratiquer les vertus qu’elle a exercées de manière héroïque durant sa courte vie.
Pourquoi prier en particulier sainte Jeanne d’Arc ?
Comment ne pas percevoir l’analogie historique entre l’époque de Jeanne et la nôtre ? L’état de notre pays et de l’Église en ce début du XVe siècle, après des décennies de « guerre de Cent Ans » était à vues humaines catastrophique. Et voilà que Dieu appelle cette jeune paysanne illettrée et la prépare pendant quatre ans, par la médiation de l’archange saint Michel et des deux jeunes martyres, sainte Catherine d’Alexandrie et sainte Marguerite d’Antioche, à la mission de délivrer Orléans du siège des Anglais et de mener le roi à Reims pour être sacré. Mais cette mission divine n’est pas que politique. Elle comporte une dimension proprement spirituelle. C’est une théologie incarnée !
L’étendard que Jeanne portait au combat était celui de son Roi, Jésus-Christ, dont le roi de France n’était que le lieutenant. Sainte Jeanne nous enseigne ce qu’est la royauté du Christ sur les nations et sur l’univers que Pie XI
a instituée comme objet de la fête que nous avons célébrée dimanche dernier. Voulons-nous laisser le Christ régner sur notre vie individuelle et collective ?
Quelles vertus voyez-vous chez elle ?
Jeanne a été choisie par Dieu car elle est d’une humilité totale. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui a écrit sur elle deux pièces de théâtre pour les récréations du Carmel de Lisieux, voit en elle la préfiguration de « sa petite voie ». Bernanos, fasciné et par Jeanne et par Thérèse, a perçu que ce qui les unit est l’esprit d’enfance laissant toute la place à la grâce divine. Ainsi Dieu peut faire en elles de très grandes choses. La mission de Jeanne et celle de Thérèse sont les deux manifestations, extérieurement si différentes, d’une même intuition : « Dieu premier servi. » Voilà ce que Jeanne répond à ses juges ecclésiastiques qui la harcèlent sur son obéissance à l’Église militante.
Jeanne ne cesse de témoigner devant ses juges qu’elle n’a fait qu’obéir aux commandements de ses voix et que Dieu ne peut se contredire. D’où son avertissement solennel à Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et ancien recteur de l’Université de Paris, que son âme était en grand danger !
Notre époque est-elle aussi tourmentée que celle de sainte Jeanne d’Arc ?
Le pape François parle souvent de notre époque comme étant celle d’une « troisième guerre mondiale en morceaux ». De même que la guerre dite de Cent Ans a été une période de crise politique, sociale et religieuse de grande amplitude, de même notre époque postmoderne correspond à une mutation de l’humanité. À l’heure des défis technologiques, de la mondialisation économique, des grandes migrations et de la déconstruction tous azimuts, comment nier que nous vivons une époque dans laquelle il est urgent de se tourner toujours plus résolument vers le Christ, notre unique Roi ? Il ne s’agit certes pas de « faire la planche » et de penser que Dieu va intervenir de manière magique. Dieu intervient dans l’histoire en appelant des personnes à s’engager pour rappeler et remettre l’ordre naturel et divin dans les choses humaines. Cette sagesse des limites me semble plus que jamais nécessaire à rappeler à temps et à contretemps et surtout à pratiquer aujourd’hui !
Concrètement, comment va fonctionner Jeanne2031 ?
Nous proposons à tous ceux qui sont intéressés d’aller sur le site jeanne2031.fr et de s’inscrire pour recevoir la lettre mensuelle où leur seront communiqués tous les textes publiés sur le site.
Le cœur de cette neuvaine d’années, outre la courte prière à sainte Jeanne d’Arc, est de s’exercer à son exemple et avec la grâce de Dieu à une vertu chaque année. La première sera bien sûr l’écoute et la disponibilité à la volonté de Dieu. C’est le mystère de la vie cachée à Domrémy. Viendront ensuite la prudence, le courage, l’espérance, le patriotisme, la charité, la pratique des sacrements, la pureté et la patience. Seront aussi relayées des initiatives locales – rencontres, pèlerinage, démarches, etc. – à des moments significatifs de la vie de Jeanne.
Qu’en attendez-vous ?
Je suis convaincu que « les classes moyennes du salut », expression du romancier Joseph Malègue qu’affectionne le pape François, c’est-à-dire les baptisés que nous sommes, enchâssés dans l’épaisseur et la pesanteur des conditionnements humains, sont portés mystérieusement par la sainteté de ceux qui ont répondu radicalement à l’appel de Dieu. Si nous voulons nous libérer des structures de péché, il faut se mettre à l’école du Christ à la suite des saints. De par notre baptême, nous sommes tous appelés à la sainteté au cœur de notre vie ordinaire. Cette neuvaine est une invitation à croire que la sainteté peut transformer le cours de l’histoire.
Pour aller plus loin :
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