Cette semaine, des centaines de jeunes, 400 mardi puis 800 mercredi sur l’esplanade des Invalides à Paris, et plus encore ici et là, se sont rassemblés pour des veillées pacifiques à la suite des défilés quotidiens de la « Manif pour tous » contre le « mariage homosexuel ». Assis à même le sol, dans un calme absolu, à partir de 22h, ils lisent et méditent des textes sur la liberté intérieure, l’amour, le destin de la France, à la lueur de bougies. Intrigués, les CRS s’approchent de cette assemblée silencieuse, puis repartent disperser des groupes de manifestants bruyants. Un commissaire de police arrive : on parlemente paisiblement, il demande qu’on se disperse à Minuit trente. Certains jeunes cherchent à faire venir des amis par téléphone. Un évêque de province rejoint un moment ce groupe, et le bénit pour sa « résistance spirituelle ». Deux organisateurs de la « Manifpourtous » viennent apporter le soutien de leur présence à cette démonstration de non-violence.
Un garçon récite par cœur un texte sur la lourde responsabilité des « indifférents » qui ont laissé faire jadis des manipulations liberticides.
Dès Minuit, arrivée de dix cars de CRS… S’agirait-il d’obtenir la dispersion immédiate par intimidation ? On parlemente à nouveau. Les jeunes décident de rester jusqu’à l’heure indiquée initialement. Respect de la parole donnée, dans un effort – difficile – de paix intérieure.
Minuit vingt : sortant des cars, des CRS armés face à plusieurs centaines de jeunes entièrement pacifiques à l’image de l’Inde de Gandhi, de la Pologne de Jean-Paul II, ou de la Tchécoslovaquie de Vaclav Havel… Des CRS souvent mal à l’aise, mais pressés d’en finir avec un face à face devenant gênant. Un chant s’élève de la bouche des jeunes, sur le thème de l’Espérance. Puis c’est l’heure de la dispersion : à part de rares bousculades absurdes, aucun incident violent à signaler de la part des jeunes. Comme l’a conclu une fille inspirée, les « veilleurs » reviendront, « sentinelles de l’aurore ». Pour un avenir de respect mutuel.
