– I – Fondements bibliques
Sans reprendre tout ce que dit l’AT sur la vie après la mort, prenons quelques repères sur le sujet, spécialement sur notre future qualité humaine transformée par l’invasion de l’Esprit Saint.
* Les religions environnantes étaient abondantes en imagination sur ce qui se passait après la mort : Champs-Élysées pour les grecs et les latins, vie somptueuse du Pharaon auquel il fallait fournir tout ce qu’il lui fallait pour cette autre vie, imaginée comme une réplique améliorée de la vie actuelle, avec l’idée que le Pharaon englobait dans cette vie tous ses sujets. C’est pourquoi ceux-ci se devaient de contribuer à cette fourniture matérielle. Face à cela, la religion de l’Alliance se veut d’un silence épais, surtout dans ses débuts. Il semblerait que Dieu ait voulu d’abord inscrire profondément dans le cœur de l’homme cette certitude que c’est lui, Dieu, son seul bonheur, avant de lui révéler que ce bonheur ne serait plénier que dans l’au-delà. D’où la conception primitive du shéol, lieu ou période incertaine, en attente de plus amples renseignements. On sait qu’à l’occasion de l’exil à Babylone, Dieu a fait connaître une première forme de résurrection, celle du Peuple de l’Alliance qui pourra revenir sur sa terre, renouvelé et purifié (Ézékiel 36 et 37). C’est à l’occasion de la révolte des frères Maccabées que la certitude de la résurrection s’affirma. Mais certains courants, plus conservateurs, ne l’acceptaient pas. Voir le dialogue de Jésus et des sadducéens à propos de la femme aux sept maris (Matthieu 22). Jésus est de ceux qui croient à la résurrection. Il va même la mettre en œuvre dans sa propre résurrection et être la source de toute résurrection : « Je suis la résurrection » dira-t-il à Marthe avant de ressusciter Lazare (Jean 11,25). Pour autant, il ne donne aucun détail sur cette vie de ressuscité. Ceux qui veulent interroger Lazare en sont pour leurs frais.
* Lorsque Jésus parle de la fin des temps, lors des discours eschatologiques, (à la fin des synoptiques), il s’attarde plus sur les évènements qui vont inaugurer cette nouvelle période que sur son contenu, sauf le jugement, sur lequel nous reviendrons. Il utilise pour cela les mots et les images que les prophètes avaient utilisés pour annoncer les temps nouveaux et le bouleversement qu’ils vont opérer, mais nous sommes dans le domaine des images (repas, félicité des hommes et du cosmos, réconciliation de l’homme avec les animaux et la nature…exemple Isaïe 11 ou 65). On reste un peu sur notre faim quant au contenu de cette félicité, en dehors des images proposées. Cette sobriété nous invite ne pas vouloir en savoir plus sur le détail. Ne pas confondre le ciel et le paradis d’Allah ! Nous avons donc à rechercher ce que sera l’essentiel de notre vie de ressuscités.
* Les psaumes sont abondants sur le désir de Dieu, spécialement pour le voir « face à face »(41.3), comme Moïse (Deutéronome 34,10). Mais l’AT dit aussi qu’ on ne peut voir Dieu sans mourir. Ce désir de face à face se reporte tout naturellement sur l’au-delà.
* Dans les Synoptiques,
Entre dans la joie de ton Seigneur (Matthieu 25 et //)
indique brièvement ce que sera notre vie éternelle avec Dieu. Même si cette parabole des talents n’est pas directement sur la vie éternelle, cette proposition s’éclaire beaucoup lorsqu’il s’agit de celle-ci : une vie de joie en présence du Seigneur.
* Paul commence par affirmer fortement la résurrection du Christ, cœur de notre foi, pour pouvoir affirmer la nôtre (1 Corinthiens 15). De plus, ses écrits sont parsemés d’allusions très nourrissantes.
– à ceux qui se désolent de ne pas être là pour le retour du Christ, il affirme que tous, vivants ou morts, ressusciteront pour « être toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4,17)
– dans le célèbre hymne à la charité de 1 Corinthiens 13, la vie au-delà est caractérisée par la perfection de notre expérience de foi : connaissance face à face et non plus dans un miroir (il faut savoir que les miroirs de l’antiquité n’ étaient pas aussi performants que les nôtres et ne donnaient qu’une image un peu floue !), avec la réciproque : « Je connaîtrai comme je suis connu », et surtout la permanence de l’amour, porté à son maximum.
– en Romains 5,2, il parle de l’espérance de la gloire de Dieu. Sans parler directement de la vie au-delà, ce texte est lié au salut qui nous sera attribué aux derniers temps. Pour notre sujet, la suite de ce texte importe beaucoup, puisqu’il lie l’espérance de la gloire au don de l’Esprit, à notre divinisation.
– un passage plus difficile aborde ce problème :
Nous savons en effet que si cette tente – notre maison terrestre – vient à être détruite, nous avons un édifice qui est l’œuvre de Dieu, une maison éternelle qui n’est pas faite de main d’homme, dans les cieux. Aussi gémissons-nous dans cet état, ardemment désireux de revêtir par-dessus l’autre notre habitation céleste, si toutefois nous devons être trouvés vêtus, et non pas nus.
Oui, nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés ; nous ne voudrions pas en effet nous dévêtir, mais nous revêtir par-dessus, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et celui qui nous a faits pour cela même, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’Esprit. Ainsi donc, toujours pleins de hardiesse, et sachant que demeurer dans ce corps, c’est vivre en exil loin du Seigneur, car nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision… Nous sommes donc pleins de hardiesse et préférons quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur.
Aussi bien, que nous demeurions en ce corps ou que nous le quittions, avons-nous à cœur de lui plaire. Car il faut que tous nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal. (2 Corinthiens 5, 1-9)
Nous y retrouvons deux choses déjà dites sur cette vie future : un autre vie plus importante et plus réconfortante que la vie actuelle et demeurer auprès du Seigneur. La difficulté vient de cette allusion au vêtement. Est-ce notre corps mortel ? Paul dit bien qu’il faut le quitter, mais en 1 Corinthiens 15, il souligne la continuité de notre corps actuel avec notre corps de ressuscité : il reste le même, même s’il est transformé. Pourquoi craint-il d’être nu ? C’est peut-être une allusion à la vie baptismale, la vie de l’Esprit dont il parle à la phrase suivante, qu’il craint de perdre, ce qui le priverait de la vie avec le Seigneur.
* Dans la première lettre de Jean, nous trouvons cette phrase qui est comme un flash sur notre sujet de cette année :
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est. (1 Jean 3.2)
Notre vie au-delà sera non seulement une vie avec le Seigneur, dans le face à face éternel, mais une vie transformante. Déjà les auteurs spirituels disent : « Contempler, c’est devenir .» Ceci sera donc encore plus vrai lorsque notre regard se portera sur la splendeur de Dieu. Il nous illuminera, mieux, il nous transformera en profondeur. Ce qui est caché, minime, dans notre vie terrestre, deviendra notre quotidien dans la gloire de Dieu.
– II – Eschatologie personnelle.
Les discours eschatologiques de la fin des synoptiques, aussi bien que les prédications sur ces textes, lors de la fin de l’année liturgique et du début de l’Avent, nous posent habituellement le problème du devenir de notre environnement. Qu’en sera-t-il de nos entreprises humaines, de nos sociétés, de nos relations humaines ? Voulant sauver la valeur du créé, nous dirions volontiers comme cet enfant du catéchisme : « Il n’est pas possible que toutes les belles choses qu nous avons vues, ou réalisées, disparaissent. » Nous devons bien pourtant dire que le monde tel que nous le voyons, et tout notre environnement subiront un énergique essorage pour passer dans l’éternité, cieux nouveaux et terre nouvelle !
Mais dans notre recherche de cette année, c’est le devenir individuel qui est notre préoccupation. Comment se présente cette insertion dans le monde de la Résurrection ? Quelle continuité et quelles modifications ?
On peut résumer ce nouvel état en trois mots : unification, récupération et fixation.
Notre expérience actuelle est marquée par une sorte de sectorisation : vie biologique, vie intellectuelle, vie affective, vie de relations…La vie spirituelle, la vie avec Dieu, qui devrait « informer », unifier, le tout, est loin de remplir ce rôle. Témoin ce verset du psaume 85 qui demande cette unification : « Unifie mon cœur pour qu’il craigne ton nom. » Notre vie définitive sera donc totalement unifiée par la connaissance et l’amour de Dieu.
Notre vie terrestre est riche de bribes d’élan vers Dieu, fruits de l’action divinisante de l’Esprit en nous. Notre existence glorieuse sera riche de toute notre expérience terrestre. Car si notre vie future est différente, la continuité sera marquée par cette « récupération » de toutes ces bribes d’amour. Cette affirmation nous vient de la contemplation du Christ ressuscité. Nous le voyons refaire les mêmes gestes : pêche miraculeuse (Jean 21), partage du pain (Jean 21 et Luc 24). L’identité physique signifiée par les plaies par lesquelles il se fait reconnaître est doublée de cette identité spirituelle des gestes et des paroles qui donnent vie. Ces gestes et ces paroles se prolongent d’ailleurs dans les sacrements de notre vie terrestre.
Le drame de notre vie humaine, depuis les origines, est que cette liberté qui nous avait été octroyée pour nous tourner vers Dieu, dans un dialogue et une coopération conforme à sa volonté, est devenue un instrument d’indépendance à son égard. Au lieu d’être un élan vers celui qui devait nous combler, elle est devenue une oscillation incapable de se fixer sur le but qui lui était proposé. Tout notre itinéraire de baptisés imprégnés de l’Esprit Saint est de réussir cette fixation de notre liberté en Dieu. Incapables que nous sommes d’y réussir pleinement, l’Esprit du Ressuscité imprègnera nos corps et nos cœurs de ressuscités pour mettre fin à cette oscillation et nous fixer en Dieu. Il n’y a donc pas retour au paradis terrestre dans la mesure où dans celui-ci il y avait la possibilité de pécher. Celle-ci est abolie définitivement par notre entrée dans la gloire.
– III – Le jugement.
Le mot de jugement remplit l’AT. Il est le propre de Dieu. Laissons de côté cette délégation du pouvoir divin que représente le jugement humain, celui des rois, par exemple, mais qui n’est jamais satisfaisant. Attardons-nous au jugement qui appartient à Dieu. Devant les désordres du monde, les injustices, au sens où nous l’entendons, mais surtout devant la prolifération du péché qui en est la source, le cri du croyant sera, comme dans les psaumes : « Jusqu’à quand, Seigneur, vas-tu tolérer cela, montre que tu es le seul juge. » (9,17-20 ; 34,22-24…). Cet appel peut être aussi pour le salut de l’individu (25,1-6).
Très rapidement cette qualité de juste juge va être attribué au Messie attendu (Ps 72, Isaïe 11 ou Jérémie 23,5). Les images de jugement qu’emploie Jean-Baptiste (cognée à la racine des arbres, feu….) montrent que cette foi dans le jugement à venir était fondamentale en Israël au temps du Seigneur.
Jésus annonce ce jugement mais le reporte au temps de sa venue (Matthieu 25,31-46).
En quoi va consister ce jugement ? On peut utiliser le mot tri. L’image biblique est celle du crible, instrument qui sépare les gros et les petits cailloux, ou mieux, la bale et les grains de blé. Elle indique que dans toutes les actions de notre vie, certaines ont du poids vis-à-vis de Dieu (porter du fruit en abondance), d’autres n’ont qu’une légèreté inconsistante.
Il s’agit donc de mettre en évidence ce qui est digne de la vie avec Dieu. Seul ce qui ressortit à l’amour en est digne. Mais seul Dieu a le regard assez perçant pour opérer cette distinction. N’est-il pas vrai, en effet que nous oscillons entre complaisance et sévérité en vers nous-même, toutes deux inadaptées. Seul le regard de Dieu est assez pénétrant pour nous dire ce que nous valons.
En particulier, il nous demandera quel aura été l’axe de notre vie, le choix fondamental que nous aurons fait. Cette option, que nous ne nous sommes pas toujours dite clairement à nous-mêmes, deviendra le pivot de cette rencontre. Si malgré nos péchés, nous montrons que notre choix a été pour lui, sa miséricorde jouera à plein. Mieux, Dieu pourra nous faire découvrir que telles ou telles dispositions jouaient dans le sens de cette option « Tout ce que vous avez fait…. »
L’autre aspect de cette rencontre finale réside dans notre dimension sociale. Ce que nous avons fait, ou omis, retentit sur ceux qui sont nos frères en humanité, en bien pour les aider, les « édifier », en mal pour les détériorer, les blesser et les entraîner loin de Dieu. Ceci justifie la double détermination du jugement : le jugement particulier, le face à face avec celui qui discernera le meilleur de nos vies et le mettra en avant, le jugement général, qui manifestera à tous le retentissement de notre choix. Après bien des réflexions, le Magistère catholique a placé le jugement particulier dès la mort et le jugement général après la résurrection, avec la difficulté immense de savoir ce que veulent dire « avant » et « après » une fois franchie la porte de la mort.
– IV – Quelle vie éternelle ?
Nous avons déjà frôlé ce point au § II. Mais il reste à nous interroger sur d’autres aspects du contenu de cette vie éternelle avec Dieu.
* Nous vivons notre vie terrestre dans l’espace et le temps. Qu’en sera-t-il de notre vie en Dieu ?
Pour l’espace, nous sommes assurés d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle, mais les renseignements nous manquent sur plus de détails. Un seul nous a été révélée, la résurrection nous rendra notre corps, en tant qu’il est notre moyen de présence aux autres. Donc, nous nous reconnaîtrons (voir ci-dessous). Toujours avec ce double aspect de continuité (Jésus montre ses plaies pour montrer qu’il est bien le même) et de différence puisque la souffrance, la maladie et la mort n’y auront plus de place. On peut ajouter que notre corps gardera les traces de notre vie blessée, mais de manière glorieuse, un peu de la manière dont certains anciens combattants exhibaient leurs cicatrices comme un signe de gloire. Voir aussi sur les plaies du Christ qui deviennent le signe de son amour victorieux. De plus, la localisation, variée et surprenante du Christ ressuscité nous fait entrevoir des propriétés bien différents de notre corps glorieux, mais n’en demandons pas plus.
Pour le temps, il y a longtemps que l’on a dit que le meilleur analogue de l’éternité n’est pas le prolongement indéfini, mais l’intensité de l’instant. Les mystiques nous disent cela chacun à leur façon : le jeune Dominique Savio qui s’exclame quand on le retrouve, après une matinée de recherche, les yeux rivés sur le tabernacle : « Eh quoi ! la messe est déjà finie. » Ou bien le petit moine de l’anecdote qui doutait de la joie éternelle et qui reçut la leçon d’écouter le chant ravissant d’un oiseau pendant cent ans. Notre vie éternelle sera donc du genre « ravissement » en contemplant le Christ.
* « Au réveil, je me rassasierai de ton image » (Psaume 15,15)
« Nous lui serons semblables car nous le verrons tel q’il est. » (1 Jean 3,2)
Le premier élément de cette vie éternelle est donc la vision de Dieu. Si nous avons été créés pour le rencontrer, cette rencontre nous comblera. Nos études sur la divinisation ajoutent quelque chose à cette certitude. Contempler garde un petit goût d’extériorité. Or, notre adoption filiale nous met dans un certaine intériorité avec Dieu, son Esprit nous fait participer à sa propre vie. On pourrait dire que le Père nous regardera avec le regard d’amour qu’il porte à son Fils, avec lequel nous ne ferons qu’un. À notre tour, nous verrons le Père avec le regard du Fils. Avec cette variante : nos yeux de chair se fixeront sur son visage humain, resplendissant de la gloire du Père. « Je verrai la beauté du Christ ressuscité » chantait une complainte de naguère. Ceci rejoint l’adage que nous citions plus haut : contempler c’est devenir.
* Retour sur le problème du temps, du changement, de la croissance. Si notre vie terrestre est marquée par la croissance, saint Irénée le souligne, notre béatitude ne peut être du même type. Affermis dans l’amitié avec Dieu, nous n’avons plus besoin de ce temps d’affermissement, qui correspond au temps de la patience de Dieu (2 Pierre 3,9). Aurons-nous droit à une éternité monotone et uniforme, en un mot, ennuyeuse ? Outre que le temps a un autre sens que dans notre vie terrestre (voir plus haut), on peut introduire un élément dynamique.
L’amour est toujours source de surprises et de découvertes, combien plus l’amour infini de Dieu ! Sans parler de croissance, cet amour doit nous réserver encore beaucoup de joies et de découvertes. Saint Thomas d’Aquin (Ia-IIae, q. 3, a. 8) nous présente la vision béatifique de manière statique : la contemplation de Dieu dans son essence, par pur don à notre nature. Saint Bonaventure mettra plus l’accent sur la plénitude d’amour qui nous comble. Mais l’un comme l’autre n’effleurent pas le problème de la durée ou du progrès. Par contre, saint Grégoire de Nysse, dans son analyse de la vie mystique, à partir de l’expérience de Moïse, fait une grande place au progrès. Il ne dit pas qu’il y aurait un manque à combler, mais que nous aurons toujours quelque chose à découvrir et à admirer en Dieu. Le P. Daniélou traduisait, un peu largement, mais avec beaucoup de force, un de ses adages : « Nous irons de commencements en commencements vers des commencements qui n’auront pas de fin ».
* Nous ne devons pas oublier notre dimension communautaire. L’image tirée de l’Apocalypse qui représente les élus dans une cité, la Jérusalem céleste, nous met sur la voie de cet aspect. Déjà, le jugement général inclut l’aspect collectif de notre rencontre de Dieu. Il s’agit maintenant de savoir quel aspect de notre éternité est concerné par celui-ci. Si notre éternité est la contemplation de la gloire de Dieu sur le visage du Christ, elle sera aussi contemplation de cet éclat réfracté par les visages humains. Tous ceux qui ont vécu, chacun à leur manière la vie d’intimité avec Dieu, le laisseront transparaître, pour notre émerveillement.
Conclusion
Puissions-nous entendre cette invitation : « Entre dans la joie de ton Maître !»