50 nuances pour le jour de la Saint Valentin - France Catholique
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50 nuances pour le jour de la Saint Valentin

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Ça coule de source, tout comme la nuit suit le jour, tout comme les studio cinématographiques dotés d’un peu de jugeote sortent des films de Noël aux environs de Noël, pour la Saint-Valentin ils sortent… Cinquante nuances de Grey.

Et pourtant, bien sûr, cela ne convient pas, cela ne peut pas convenir. Ce week-end entre tous, peu importe ce qui se passe derrière les portes closes, après les fleurs, les chocolats et les dîners aux chandelles est dédié à la romance plutôt qu’à la lubricité ou (dans le cas de 50 nuances de Grey) au mariage de la comédie romantique et de la pornographie.

Car ce livre porté à l’écran n’a rien d’une romance. Dans les exemples standard du genre, le héros peut bien, comme celui de 50 nuances, se présenter comme « le genre de type qui n’a rien de sentimental », mais cela change au cours de l’histoire. (Notez que je me fie à Wikipédia et aux sites d’information en ligne sur les films.)

Pour ceux d’entre vous qui, de façon fort compréhensible, se sont évadés mentalement chaque fois que le thème de 50 nuances de Grey a été évoqué en leur présence, le livre est une plongée lubrique dans le monde de la domination et du sadomasochisme, où l’on a à la fois le beurre et l’argent du beurre. L’héroïne, Anna, rencontre et est fortement attirée par un jeune homme qui a première vue semble le héros type de l’idylle romanesque : beau, riche et mystérieux.

La part mystérieuse se dévoile quand elle apprend les préférences sexuelles du jeune homme, mais leurs goûts divergents créent une barrière, dont Anna choisit finalement de tester les limites. Après quoi, elle prend conscience que leur relation sentimentale est vouée à l’échec. De ce que je retire des discussions à propos du livre, cela semble être du Danielle Steel superposé à du Marquis de Sade.

Étant donnée la profonde dégradation de notre culture, il n’aurait pas dû y avoir de quoi déclencher la sonnette d’alarme. Après tout, beaucoup d’autres romans pervers débouchant sur des films ont été écrits. De plus, nous sommes tous conscients que le porno en ligne séduit et enchaîne des millions d’usagers rien qu’aux États-Unis.

Quoi qu’il en soit, le point important n’est pas que 50 nuances ouvre une brèche dans la frontière du porno hard, mais qu’il construise une belle autoroute à l’apparence sûre pour voyager confortablement dans ce paysage lubrique. Cela révèle le courant dominant qui se construit via la mise au pinacle des relations hétérosexuelles déviantes et pécheresses (nous avons vu la même démarche concernant l’homosexualité, en moins suggestif, dans les médias les plus importants depuis pas mal d’années déjà).

Et en légitimant cette forme de déviance, ce film marque un nouveau moment tragique (n’avons nous pas encore atteint le bas de cet escalier vers l’enfer?) dans l’attaque de notre société contre l’innocence de l’enfance.

D’un autre côté, il est difficile maintenant de ne pas penser que d’autres moments critiques importent peu — pas parce que le droit de nos enfants à l’innocence n’a pas d’importance, mais parce que les mots et les images qui sont radio et télédiffusées à tout va sont déjà si explicites, si matraqueurs, si auto-idolâtres, si tolérants à la perversité et si mortifères pour le désir humain naturel d’un amour éternel respectueux de ses vœux, oblatif et fécond — en un mot si malades — qu’on ne voit pas comment une rajoute à 50 nuances pourrait empirer les choses.

Pourtant, cela me fait frémir de seulement imaginer une conversation qui pourrait débuter par cette question : « Maman, quel est le thème de 50 nuances de Grey ? »

L’exposition générale à des niveaux toujours plus profonds de matières sexuellement explicites et perverses a été accompagné d’une tolérance croissante pour une autre catégorie de matières engourdissant la conscience : la représentation de la violence dans les films d’action, les programmes télé et les jeux vidéo. Sont particulièrement concernées les descriptions de plus en plus sanglantes de tortures, sous le prétexte de « réalisme ». Elles partagent avec la pornographie le besoin d’augmenter le voltage pour obtenir le même effet.

Je me rappelle le récit de saint Augustin concernant un de ses amis. En cette fin de l’Empire Romain, il était accro à la soif de sang suscitée par les combats de gladiateurs. A cette époque, cela aussi c’était une addiction « respectable » qu’on pouvait combler en public devant des foules de spectateurs dans le même cas. Quoi qu’il en soit, la respectabilité n’a pas empêché les jeux du Colisée d’avilir les spectateurs et de déshumaniser les gens dans l’arène.

Apporter une réponse efficace à l’un ou l’autre des exemples de cette marée très polluée qui menace de finir par nous engloutir peut sembler impossible.

Dans notre culture, les tenants de la morale et de la religion sont déjà regardés comme des dinosaures à ignorer ou des sujets de moquerie dont on peut rire sans rime ni raison.

Comment pouvons-nous commencer à faire apparaître un monde plus sain et plus équilibré que les jeunes puissent contempler, un monde dans lequel les hommes et les femmes sont vivement attirés par les membres du sexe opposé, mais néanmoins désireux de se respecter les uns les autres et de se respecter eux-mêmes, en accord avec le plan de Dieu, honorant leurs engagements, respectant l’intimité et la vie privée, se réjouissant de la fécondité du corps humain ?

Le dernier livre d’Anthony Esolen, Defending Marriage (La défense du mariage) est une avenue pour transmettre cette vision. Il décrit de manière vivante la réalité objective du Bien , du Vrai et du Beau dans le mariage et la vie de famille.

50 nuances de Grey ? En fait, de nos jours, quand il s’agit des chemins que prennent les défis au Bien, au Vrai, au Bon pour nous tomber dessus, « leur nom est légion ».

Le Carême n’arrive pas trop tôt cette année : il est temps de se couvrir de toile à sac et de cendre au nom de cette culture mortellement pécheresse et insensée.


Ellen Wilson Fielding est rédactrice en chef de la revue Human Life Review. Elle vit dans le Maryland.

Illustration : « la demande en mariage » par William-Adolphe Bouguereau, 1872 (Metropolitan Museum)

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/02/14/50-shades-valentines-day/