Après l’annus horribilis que nous venons de vivre, c’est spontanément que nos vœux pour 2009 se formulent, avec l’espoir que notre humanité accède à une sagesse dont bon nombre de ses décideurs ont par trop manqué. Il est sûr – tous les analystes sont unanimes là-dessus – que l’année nouvelle prolongera les effets de l’effondrement des marchés financiers en se répercutant sur l’économie réelle. Sans doute avertis du précédent de 1929, nos dirigeants ont-ils pris des mesures propres à modérer l’ampleur de la récession, mais d’ores et déjà, les « plans sociaux » des entreprises nous mettent sur la voie d’une explosion du chômage dans notre propre pays, sans compter les dégâts qui vont s’accumuler sur les pays qui étaient les moteurs de l’expansion de ces dernières années.
On permettra à un non spécialiste de la science économique – et qui ne s’en glorifie certes pas – d’esquisser quand même quelques remarques sur le sens de la crise actuelle, ses causes et les moyens propres à trouver les solutions d’une croissance harmonieuse. Toute une génération, d’ailleurs non exclusivement catholique, a été sensibilisée aux ressorts de l’économie moderne par un savant éminent qui était aussi humaniste éclairé que chrétien profond. François Perroux aurait amplement mérité le prix Nobel, mais son renom international et sa compétence en firent, notamment, un des grands inspirateurs de l’encyclique mémorable de Paul VI, Populorum Progressio. Il avait, de longue date, anticipé la mondialisation en supputant ses conséquences et en indiquant en quoi il pouvait y avoir un progrès universalisable. Justement, rien ne lui semblait plus contestable que la notion d’une sorte d’équilibre mécanique engendré par la seule logique du marché. Il entendait rendre toute sa place et sa dignité au facteur humain, absent des théories classiques. Loin de se complaire dans un idéalisme ignorant des données précises du développement, François Perroux fondait ses propositions sur des analyses aiguës et un savoir incomparable sur l’ensemble de l’économie mondiale.
Mais l’économiste se distinguait aussi par sa conscience supérieure des finalités de la production et des échanges. C’est pourquoi il préconisait une « régulation consciente » dans le sens de l’intérêt des personnes et des peuples. Benoît XVI devrait bientôt publier une nouvelle encyclique sur les questions économiques et sociales. Il est hors de doute qu’il s’inspirera de la tradition incarnée par François Perroux et qui se propose d’instaurer la sagesse pour contrer les excès qui sont à la racine de la crise de 2008. Déjà, dans ses vœux à la Curie, le Pape a insisté sur la dimension écologique, inhérente à notre responsabilité devant la Création. Nos vœux pour 2009 se dessinent donc nettement pour l’intérêt supérieur d’une bonne « administration » des dons que nous a remis le Créateur.
Gérard Leclerc