À propos de l'antichristianisme - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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À propos de l’antichristianisme

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On sait les persécutions dont sont victimes les chrétiens d’Irak, de plus en plus contraints à un exode massif. On apprenait encore, la semaine dernière, que deux femmes de confession syro-catholique avaient été mortellement poignardées dans leur maison d’un quartier résidentiel de Mossoul. Avant de repartir, les agresseurs avaient laissé une bombe qui a tué trois des policiers qui accouraient sur place… Ce double attentat est à mettre en relation avec le retour, dans cette même ville, de 2000 chrétiens qui en avaient été chassés. L’Irak n’est pas le seul pays où les chrétiens sont persécutés. Nos lecteurs le savent bien, qui sont régulièrement informés grâce, notamment, à nos amis de l’Aide à l’Église en Détresse, toujours sur la brèche pour répercuter la situation critique des communautés chrétiennes dans les pays où la liberté religieuse est maltraitée.

Certes, les médias français tiennent souvent leur public informé du sort fait aux chrétiens du Proche-Orient, de certaines régions de l’Inde ou d’Afrique. Mais il me semble qu’ils ne prennent pas toujours la dimension exacte de ce que signifie une persécution religieuse. La Déclaration universelle des Droits de l’homme n’ignore pas la spécificité de cette atteinte à la dignité humaine, mais il n’est pas évident qu’on en retienne ce en quoi elle concerne le viol des consciences et la liberté de conviction. Disons même franchement que ces aspects sont souvent minorés dans le contexte d’une culture qui se reconnaît dans la continuité d’une certaine tradition des Lumières. On ne se réclame pas impunément de Voltaire et de tous ceux qui, au XVIIIe siècle, voulaient « écraser l’infâme ». Certes, on peut alléguer le contexte du XVIIIe siècle où la religion était en situation de puissance et la liberté de conscience des non-croyants mal assurée, cela n’empêche pas que la haine répandue à l’encontre de la religion, et singulièrement du judaïsme et du christianisme ne pouvait pas être sans conséquences.

On le vit bien avec la Révolution française qui consista aussi, dans sa deuxième phase, en un violent arrachement du pays à son enracinement religieux. On ne comprend pas la persistance d’un certain antichristianisme sans une continuité idéologique dont le vingtième siècle a montré les conséquences tragiques. L’antiracisme qui s’est manifesté ces dernières décennies, non sans les ambiguïtés soulignées par Pierre-André Taguieff, s’est bien gardé de mettre en cause l’anticléricalisme et l’hostilité aux convictions religieuses. Il n’est pas vrai que seul le racisme serait fondamentalement pervers et qu’il serait anodin d’encourager les haines antireligieuses. Faut-il rappeler que la Shoah s’acharna sur toutes les communautés juives ferventes d’Europe centrale. Il y a de ce point de vue une conversion intellectuelle à envisager sérieusement dans notre propre pays.