« Faire route ensemble », c’est très exactement ce que signifie le mot synode. Les assemblées synodales qui réunissent régulièrement à Rome des représentants de tous les épiscopats du monde répondent à ce sens étymologique. Il s’agit, pour les successeurs des apôtres, de cheminer sur une route commune, celle de l’Église destinée à répandre la bonne nouvelle à tous les peuples. C’est une nécessité que ces rencontres régulières qui répondent aussi à la nature collégiale de l’épiscopat. Celle qui s’est tenue récemment sur le thème de la Parole de Dieu est d’une singulière importance. Pourtant les médias ont été d’une extrême discrétion à son égard. Il est vrai qu’elle ne comportait aucun des ingrédients polémiques qui attisent l’intérêt : luttes de partis contraires, propos incendiaires, petites phrases assassines. Il n’y avait même pas moyen d’inventer un périsynode, comme il y eut autour de Vatican II un périconcile, beaucoup plus intéressant pour la mise en scène et les coups publicitaires.
Bien sûr, il est des sujets qui prêtent plus aux oppositions frontales, surtout lorsqu’ils rejoignent ce qu’on appelle des problèmes de société. n synode sur l’écologie – pourquoi pas ? – susciterait une curiosité indéniable. On songe aussi à l’énorme bruit qu’aurait suscité un synode sur l’économie et la crise internationale. L’Église catholique, d’ailleurs, ne se prive pas de parler sur le fond de ces thèmes cruciaux pour la planète, mais, est-ce si sûr que la réflexion sur la Parole de Dieu constitue une mise en parenthèse de l’actualité brûlante et des soucis les plus vitaux de l’humanité ? N’était-ce pas au contraire un moyen privilégié de considérer les questions les plus graves, qui sont aussi les plus quotidiennes, et qui concernent les finalités de l’existence, le respect de la dignité humaine, la beauté et l’intégrité du cosmos, la justice dans toutes ses dimensions ?
Le synode romain s’est exprimé collégialement dans une magnifique adresse au peuple de Dieu, qui mériterait d’être méditée en commun dans toutes les paroisses et communautés. Lorsque ce message met en lumière « le mystère d’iniquité » qui, depuis les origines, dévaste le destin de l’humanité, il indique une coordonnée indispensable à l’intelligence de notre temps présent, relié à toute l’Histoire. D’évidence, en se replaçant à cette hauteur de la Révélation, l’épiscopat ne rejoint pas les débats idéologiques, mais il les contraint à se confronter à la Parole qui les juge et les transcende, en mettant en valeur ce en quoi ils rejoignent le bien de l’humanité. À Lourde aussi cette semaine, l’épiscopat français va faire route ensemble, en se saisissant de sujets aussi cruciaux. Puisse-t-il être suivi et entendu, comme il le mérite !
Pour aller plus loin :
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- En vue du prochain Synode pour le Moyen-Orient
- L'Église est apostolique et romaine
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies