Le synode des évêques qui se tient à Rome, en ce moment, sur la Parole de Dieu, devrait retenir l’attention passionnée de tous les membres de l’Église. D’ailleurs les échos des échanges, qui nous parviennent, nous donnent une idée tout à fait précise de l’objet des discussions. Les évêques ont, incontestablement, un souci prioritairement pastoral. Il leur importe d’abord de vérifier si la Parole de Dieu est fidèlement transmise dans toutes les cultures du monde. Et, sur ce point, on a la surprise de constater que si la Bible est bien l’ouvrage le plus répandu de la planète, il n’a pas encore été complètement traduit dans toutes les langues en usage. Mgr Vincenzo Paplea, président de la Fédération biblique catholique, a ainsi démontré que la Bible n’est intégralement traduite que dans 480 des 6 000 langues parlées (1 168 pour le Nouveau Testament). Sans doute s’agit-il d’idiomes très minoritaires, dépassés par les systèmes modernes de communication. Mais l’évangélisation suppose une totale inculturation de la Parole de Dieu, qui ne saurait demeurer étrangère à la plus infime réalité anthropologique.
Le synode est aussi l’occasion de revenir sur un des textes les plus importants de Vatican II, souvent complètement ignoré de la masse des fidèles. Peut-être trouverait-on là une des causes essentielles du défaut de Transmission de l’enseignement du Concile. Trop souvent, on a réduit cet événement essentiel à l’affrontement d’une majorité et d’une minorité, elles-mêmes ramenées à des catégories idéologiques (le progressisme et le conservatisme), alors qu’il y avait des lectures autrement pertinentes du labeur conciliaire et des textes unanimement approuvés par les Pères. Le génie de Vatican II consiste précisément dans le dépassement des oppositions binaires par un approfondissement doctrinal rendu possible par un recours à la grande Tradition de l’Église. Ainsi, la constitution Dei Verbum permit-elle de se libérer de la séparation que l’on faisait entre l’Écriture et la Tradition, conçues comme deux sources distinctes de la Révélation.
Benoît XVI, dans sa conférence des Bernardins, avait montré comment « la méditation et l’interprétation de la Parole sont nécessairement liées aux communautés successives qui ont reçu le texte biblique ». Certains de nos amis protestants ont acquiescé à ces propos du Pape, reconnaissant que les oppositions du temps de la Réforme « n’étaient plus d’actualité ». On peut espérer que, dans cette logique, le synode progresse vers une meilleure transmission d’une Parole reçue par la communauté des croyants.
Gérard LECLERC
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Pour aller plus loin :
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- 300e anniversaire de la mort de Richard Simon