La mort de l’ancien garde des sceaux du général de Gaulle est intervenue comme si la Providence avait voulu explicitement que Jean Foyer pose comme dernier acte public son accueil de Benoît XVI à l’Institut de France, lors de la toute récente visite du pape à Paris. Je puis témoigner de la fierté de notre ami, de sa joie d’avoir permis au cardinal Joseph Ratzinger de siéger au sein de l’Académie des sciences morales et politiques. Je garde en mémoire cette séance présidée par Jean Foyer où le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi soulevait son auditoire en le faisant pénétrer dans le mystère de l’Alliance de Dieu avec l’humanité, dont les deux Testaments sont les témoins solidaires. Que l’Institut tout entier reçoive Benoît XVI, comme le plus illustre de ses membres, n’était-ce pas le signe même de cette connivence de la Raison et de la Foi, sur laquelle le Pape est longuement revenu lors de sa conférence au collège des Bernardins ? Or, rien n’importait plus à Jean Foyer que sa foi, qui est la clé de sa vie, de tous ses combats, jusqu’aux plus difficiles et parfois héroïques.
La presse a salué le politique, a rappelé qu’il fut à l’origine de l’élaboration de la Ve République. Si le général de Gaulle l’avait choisi en des temps tragiques comme ministre de la Justice, c’était en vertu de sa science de juriste, unanimement reconnue, mais aussi à cause de sa droiture et de son courage. Lorsqu’il lui arracha de haute lutte la grâce du général Edmond Jouhaux promis à l’exécution, de Gaulle n’en voulut pas à Jean Foyer de lui avoir forcé la main. C’est dans de telles circonstances que l’on reconnaît la modification évangélique de la politique et le caractère prophétique des gestes qui anticipaient sur la paix civile et la réconciliation des cœurs. Il faudrait revenir sur cette existence si pleine, vouée au bien commun, aussi bien au sein du gouvernement qu’à la tête de la commission des lois de l’Assemblée nationale. Même ses adversaires politiques rendaient hommage à leur président de les avoir formés au service de l’État, en les initiant à leur mission de législateur.
Heureusement, Jean Foyer a pu nous donner ses précieuses Mémoires qui permettront aux générations futures de connaître son rôle historique. On retiendra que c’est à cause de sa défense de la Vie que sa carrière politique fut entravée dans sa dernière période. C’est pourquoi nous n’oublierons jamais celui qui reste pour nous un maître et un exemple. Que Madame Gisèle Foyer, son admirable épouse, reçoive l’expression de notre affectueux attachement dans sa peine que nous partageons de tout cœur.