3134-La crise et la morale - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3134-La crise et la morale

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La tourmente financière qui secoue la planète entière contraint à une révision générale du mode de fonctionnement de l’économie mondiale. Certes, la réflexion, ainsi que les décisions à prendre pour se sortir d’une situation plus que périlleuse, relèvent largement de paramètres économiques dont la technicité est de la compétence des experts et des responsables politiques. Il n’est pas douteux, cependant, que la morale sociale ne saurait être absente du débat, puisqu’il est patent que la crise elle-même est liée à des fautes et à des dérives qui renvoient aux « structures de péchés » dénoncées naguère par Jean-Paul II. Le président Sarkozy n’a-t-il pas insisté sur les responsabilités de certains acteurs qui, à son avis, devraient être « sanctionnés ». Les erreurs qui sont imputées à ces derniers dépassent, sans conteste, des défauts d’appréciation pratique et désignent bel et bien des entraînements  inconsidérés à la spéculation par l’appât de gains disproportionnés.

Le triomphe de l’économie de marché, consécutif à l’effondrement du système soviétique, s’est trouvé largement justifié par la dynamique de la mondialisation et le développement des nations émergentes. Mais les vertus du marché ont manifestement leurs limites et les économistes, même d’inspiration libérale, exigent une régulation qui devrait revenir à la puissance politique. De même, fait-on partout la distinction entre l’économie financière et l’économie réelle, la première ayant vocation à financer la seconde et non à accaparer l’ensemble de la direction économique. Voilà qui nous reconduit au rôle de l’Argent dans le monde moderne. Les philosophes libéraux avaient tendance à penser qu’une civilisation marchande créerait d’elle-même des relations pacifiques entre les peuples. Mais n’y avait-il pas péril à confier la primauté à l’Argent au risque d’inférioriser ou de subordonner toutes les valeurs qui permettent de vivre ensemble et créent ce que Georges Orwell appelait « la décence commune » ?
Une encyclique sociale se prépare à Rome depuis des mois. Benoît XVI en dirige la rédaction avec le soin qui lui est particulier et aboutit à ces beaux documents qu’il nous offre depuis le début de son pontificat. Mais cette encyclique-là, dans le contexte actuel, relève d’une urgence première. C’est la planète en souffrance qui attend de l’Église une parole de sagesse pour l’aider à sortir d’une crise dont les racines sont profondes.