Dans sa dernière homélie, prononcée sur l’esplanade du Rosaire lors de la messe avec les malades, Benoît XVI a parlé longuement du sourire de Marie : « Les larmes qui étaient les siennes au pied de la Croix se sont transformées en un sourire que rien n’effacera tandis que sa compassion maternelle envers nous demeure intacte ». Le théologien chez le Pape accompagne sans cesse le mystique, et nous rappelle que la théologie est d’abord la science des saints, qu’elle consiste en une méditation agenouillée de la parole de Dieu et de ses mystères. Tout comme Jean-Paul II, Benoît XVI n’a nulle crainte d’exprimer ses sentiments filiaux les plus délicats envers la mère de Dieu. Ainsi, il nous offre la clef de l’étonnant succès de sa visite en France. Nos compatriotes ont, en effet, pu découvrir la présence d’un homme de Dieu, sa simplicité, sa cordialité, son intelligence éminente qui, loin d’écraser ses auditoires, leur ouvre la connaissance de la Révélation.
Le conférencier qui a entraîné le public choisi des Bernardins dans une réflexion d’une densité remarquable est aussi un prédicateur qui sait commenter l’Écriture avec une profondeur qui est perceptible à tous. Avec le Pape tout le monde comprend à la messe ! Lorsqu’il se lance dans une haute leçon d’Histoire pour rappeler les fondements de la culture médiévale, il séduit les esprits les plus cultivés, mais ceux qui estiment ne pas avoir les moyens de le suivre sur ce terrain le retrouveront dans le commentaire naturel de la liturgie. Au surplus, avec un peu de temps, il pourront être aussi aidés à se saisir de la substance de la conférence des Bernardins, où ils trouveront un éclairage supérieur sur la vocation humaine. Car la science de Joseph Ratzinger n’est en rien élitiste, au mauvais sens du terme. Au contraire, la recherche la plus exigeante de la pensée est chez lui toujours au service de la communication véritable, celle qui permet d’accéder aux secrets de l’existence. Il sait merveilleusement tirer toute sa signification du message de Lourdes, à partir d’un récit des apparitions et de la réception des paroles de Marie dans l’âme de Bernadette.
C’est parce que l’intelligence n’est jamais chez lui désaccordée de l’appel du cœur. En Marie, il saisit le sourire au-delà des larmes et le confie aux malades de l’esplanade, comme le don le plus précieux de la Tendresse de Dieu même. Le propre sourire du Pape, constant de son arrivée à son départ, n’était-il pas un reflet du sourire de la Vierge Sainte ? Aussi nous ne l’oublierons pas et, au terme de ces journées merveilleuses, c’est un immense merci qui retentit du sein du peuple chrétien. Merci, Très Saint-Père ! Et puisque vous l’avez vous-même souhaité, à une prochaine visite dans notre pays !
Gérard Leclerc