On s’interroge dans la presse. Ce Benoît XVI saura-t-il séduire les Français comme son prédécesseur, l’extraordinaire Jean-Paul II, avait su le faire ? Il est vrai que les personnalités des deux papes sont assez différentes et même contrastées, surtout en ce qui concerne leurs rapports avec les foules. Autant Jean-Paul II se montrait à l’aise sur les estrades publiques, séduisant ses auditoires avec ses magnifiques dons d’acteur formé aux disciplines de la scène, autant son successeur a dû se faire presque violence pour affronter les multitudes. Mais l’expérience a vite montré – notamment avec les jeunes des JMJ – qu’une étonnante proximité pouvait se créer avec cet homme, tout en intériorité mais aussi en transparence. C’est pourquoi, on peut être assuré que les Français comprendront vite quel singulier ambassadeur leur est envoyé.
Déjà Jean-Paul II imposait, au-delà de ses charismes, l’autorité souveraine de la parole de Dieu, étrangère à toutes les séductions mondaines. Benoît XVI, avec son style propre, alliant toujours profondeur et limpidité, concentrera l’attention de tous ceux dont le cœur est disponible à l’appel de la Vérité et de la Charité. Ils comprendront vite que la légende fabriquée d’un personnage soi-disant enfermé dans ses certitudes étroites et indifférent à la vie réelle ne résiste pas au témoignage vivant d’un homme de foi, vibrant à toute détresse humaine et s’adressant à chacun comme une personne digne de confiance et de compréhension. Bien sûr, cet homme est un théologien, versé d’abord dans l’étude des sciences religieuses. Ce n’est pas un homme de médias. Benoît XVI n’a aucune propension pour la démagogie et pour l’emphase. Ce qui signifie qu’il est d’abord un homme vrai, juste et bon, et qu’il ne réclame de ses interlocuteurs que leur disponibilité intérieure.
La seule question qui se pose, au moment où Benoît XVI arrive à Paris et à Lourdes, est celle de notre disponibilité d’écoute. Saurons-nous l’entendre ? Plus généralement, nos populations accoutumées à la civilisation de l’image spectaculaire, aux slogans de la publicité, déshabitués de la pensée intérieure, de la méditation, sauront-elles prêter l’oreille à cette parole venue d’ailleurs ? Ce pape intellectuel va s’adresser à nos intellectuels français dans le cadre magnifique des Bernardins. Ce sera un événement singulier. L’admirable serait qu’aussi bien chez les penseurs et dans les profondeurs populaires puisse se creuser un espace d’intériorité pour que retentisse librement l’appel de l’Esprit. Le Dieu qui fait Alliance avec les hommes depuis le début de l’humanité nous appelle par la voix du Pape à entrer dans sa plus intime communion.
Gérard LECLERC