Quel heureux événement que cette année saint Paul décidée par Benoît XVI et inaugurée lors de la fête des deux cofondateurs de l’Église de Rome, en présence de Bartholomée, patriarche de Constantinople ! La figure de l’apôtre des nations continue à fasciner de nos jours, jusqu’à nos athées les plus résolus… Alain Badiou, dernier représentant de l’extrémisme révolutionnaire lui consacrait un livre il y a quelques années, où il avouait son admiration. De même un Slavoj Zizek, ce penseur slovène provocateur et parfois extravagant, mais qui a le mérite de poser parfois les bonnes questions, désigne l’apôtre comme un des vrais éclaireurs de notre destin. Cela n’empêche pas évidemment que se perpétuent autour de Paul bien des contresens, des erreurs ou même des légendes fantaisistes. Parfois, de vrais érudits engagent des controverses absurdes, tel celle qui fait de l’auteur de l’épître aux Romains un précurseur de Marcion, cet hérésiarque du IIe siècle qui voulut détacher définitivement le christianisme de ses racines juives… Ne parlons pas de la pseudo-misogynie de Paul, cible de tous les féminismes coalisés.
Mais si Paul est l’objet de tant de méprises, c’est qu’il est un auteur absolument inévitable, parce que la vigueur de son témoignage est en rapport direct avec le choix que Dieu fit en sa personne, pour annoncer la bonne nouvelle du Christ mort et ressuscité. Le renversement qui se produit sur le chemin de Damas est radical, bouleversant. En un instant il a transformé le persécuteur des chrétiens en héraut de leur foi. Privilège unique : Paul et le dernier témoin de la Résurrection et entre dans le collège apostolique à l’égal des douze qui ont accompagné Jésus pendant sa vie terrestre. Son prodigieux génie qui associe la culture religieuse juive à l’héritage gréco-latin lui permet de fonder en quelque sorte la théologie chrétienne, avec une profondeur toujours inégalée. Célébrer donc le deux millième anniversaire de sa naissance, c’est l’occasion d’une réflexion sur les fondamentaux de notre foi, avec la perception du mystère de Dieu enfin révélé. C’est aussi la chance de mieux comprendre notre humanité dont l’énigme ne se dénoue que par « Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ ». (II Co 4,6)