3124-Le non de l'Irlande - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3124-Le non de l’Irlande

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Le non irlandais au traité de Lisbonne constitue un nouvel avertissement aux dirigeants européens. On ne peut bâtir un avenir commun du continent sans une adhésion profonde des peuples. Il est d’ailleurs singulier que seul ce petit pays insulaire ait été amené à procéder par référendum parmi les vingt-sept pays appelés à ratifier, sinon la constitution rejetée par les Français et les Néerlandais, du moins un traité d’une importance singulière puisqu’il règle les nouvelles dipositions de l’Union. C’est qu’il paraît extrêmement difficile d’associer à la construction européenne des peuples qui ont toujours été tenus à distance par les politiques et les techno-crates. Pourtant, comment douter d’une entreprise de réconciliation pour bâtir un avenir de paix et de coopération indispensable ?

Il y a lieu sans doute de ne pas oublier les données originales de l’Europe. Le parallèle que l’on fait d’ordinaire avec l’avènement des États-Unis d’Amérique est inadéquat, parce que nos amis d’outre-Atlantique n’avaient pas derrière eux le même passé historique marqué par la pluralité des nations et de leurs héritages propres. L’exemple irlandais est lui-même significatif. Cette nation n’a conquis que récemment son indépendance par rapport au Royaume-Uni, elle est fière de sa liberté chèrement acquise et de son identité sauvegardée. Certes, l’Europe bruxelloise lui a beaucoup apporté pour l’expansion étonnamment rapide qui lui vaut un niveau de vie privilégié après avoir été un pays pauvre. Mais il ne faut pas oublier que cette prospérité a été également acquise à cause de ses liens naturels avec la communauté irlandaise américaine qui a massivement investi dans l’île. L’Europe est ainsi une et diverse, et son destin apparaît pour le meilleur plus confédéral que fédéral.

On peut certes diverger sur ce dernier point. Mais il y a lieu de pour­suivre sérieusement la réflexion. Les décennies de coopération européenne ont beaucoup apporté, mais l’Europe elle-même demeure un objet encore largement non-identifié, tant les avis divergent sur ses valeurs fondatrices, notamment chrétiennes. La France et l’Allemagne ont souvent été associées pour faire progresser l’unité, mais la Grande-Bretagne qui les a rejoint ne partage pas la même conception politique. Et les États de l’Europe centrale, derniers venus de l’Union, ne perçoivent pas toujours le bien-fondé d’une indépendance par rapport aux Américains. C’est donc qu’il y a encore beaucoup à faire pour parvenir à un projet vraiment commun susceptible d’identifier l’Europe dans le monde.