Le 28 janvier 2008, Juliana Nicholas, fidèle de la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Klang, à 30 km de Kuala Lumpur, rentrait de Manille, où elle avait fait l’acquisition de 32 bibles en anglais pour les remettre à un centre de formation chrétienne de sa paroisse. Inspectant ses bagages, un douanier a saisi les livres, au motif qu’ils devaient être visés par le Département de contrôle des textes et publications coraniques du ministère de la Sécurité intérieure. Finalement, le 5 février, les bibles ont été rendues à leur propriétaire.
L’incident a fait réagir les responsables chrétiens de Malaisie. Mgr Paul Tan Chee Ing, évêque du diocèse catholique de Malacca-Johor et président de la Fédération chrétienne de Malaisie, a déclaré avoir apprécié l’action rapide du ministre-adjoint pour régler l’affaire, mais il a ajouté que les responsables chrétiens protestaient « dans les termes les plus vifs ». Le gouvernement « ne peut empiéter sur notre droit à utiliser notre livre saint ou tout autre ouvrage chrétien. De telles affaires n’étaient pas rares ». Le prélat a demandé à l’administration de rédiger une directive à l’attention de toutes les agences gouvernementales, surtout à l’appareil de la Sécurité intérieure, afin que les fonctionnaires s’abstiennent d’agir comme l’a fait le douanier de l’aéroport.
Un incident similaire s’est produit en décembre 2007 : des fonctionnaires de la Sécurité intérieure ont saisi des manuels de catéchisme en anglais, au motif qu’ils contenaient des illustrations de « prophètes communs aux religions chrétienne et musulmane ».
D’autre part, une chrétienne, convertie de l’islam, se bat depuis huit ans pour que l’on inscrive sur sa carte d’identité qu’elle n’est plus musulmane. La Cour fédérale a pris la décision qu’elle ne pourrait pas faire ôter la mention islam, bien qu’elle soit convertie depuis 1998. Elle pourrait donc être condamnée à une peine de prison pour apostasie !
Le 14 octobre 2007, des musulmans ont assisté à la messe puis ont engagé un dialogue avec les catholiques de la paroisse de la Sainte Trinité de Kuching, capitale de l’État de Sarawak, sur la partie malaisienne de Bornéo. L’archidiocèse de Kuching est l’un des neuf diocèses catholiques en Malaisie. Il compte 153 000 catholiques, répartis dans dix paroisses, pour une population d’un million d’habitants.
Selon des sources locales, cette visite est une première dans ce pays majoritairement musulman, où religion et appartenance ethnique sont des questions sensibles et fortement politisées. Chez les chrétiens et les musulmans, il est interdit à toute personne d’une religion différente de pénétrer dans un lieu de culte chrétien ou musulman, et d’assister à un office religieux. La visite à la paroisse de la Sainte-Trinité est à l’origine une initiative musulmane. Selon Shah Kirit Kakakul Govindji, initiateur du projet et membre de l’Islamic Information and Services Foundation, l’initiative avait pour objectif « d’établir un pont » entre les deux religions, afin de renforcer leurs relations, de favoriser une meilleure compréhension mutuelle et de mettre en relief les similitudes et les traditions communes partagées par l’islam et le christianisme, ainsi que de « s’entendre sur les points de désaccord », dans un esprit de respect mutuel. Une occasion pour les musulmans de poser des questions sur les différentes communautés chrétiennes, sur la formation et l’enseignement dispensé aux séminaristes et sur les différents ministères de l’Église. La visite éventuelle d’une délégation catholique dans une mosquée a été évoquée.
Des petits pas certes, mais indispensables pour permettre à l’Église de travailler dans la paix.
* On compte aussi 19 % de bouddhistes
et 9 % d’hindouistes.