Il faut féliciter tf1 pour l’effort de pédagogie exceptionnel dont la chaîne a fait preuve au journal de 20 heures de Patrick Poivre d’Arvor en exposant avec la force nécessaire le drame ravivé de la faim dans le monde. Tous les dossiers étaient clairement présentés, sans omissions quant aux causes actuelles du renchérissement mondial des denrées alimentaires. L’intervention des médias sur un tel sujet constitue un impératif absolu. Jacques Diouf, directeur général de la FAO, le soulignait récemment : « La communauté internationale ne réagit que lorsque les médias apportent dans les foyers des pays nantis le spectacle douloureux de ceux qui souffrent dans le monde. » C’est donc à une mobilisation générale des moyens d’information qu’il convient de procéder pour sortir d’une situation proprement accablante.
Que l’Église soit en première ligne dans cette bataille correspond à l’impératif évangélique le plus direct (Mt 25,35). Le message envoyé par Benoît XVI au sommet de la FAO à Rome était sans ambiguïté, d’une précision remarquable jusque dans le rappel technique des causes de l’aggravation actuelle de la sous-alimentation des populations les plus pauvres. Dans une autre intervention, à destination du Guatemala, le Pape a également confié sa hantise et son vœu le plus formel pour que toutes les mesures soient prises au plus vite pour répondre à la détresse de la faim. De même Justice et Paix, qui est au Vatican le ministère directement concerné, agit en permanence, en lien de solidarité avec toutes les Églises locales.
On attendait beaucoup du sommet de la FAO dont le thème prévu (la sécurité alimentaire face au réchauffement climatique) avait dû être modifié pour répondre à « l’urgence alimentaire » actuelle. Hélas, il faut bien constater que le spectacle unanimiste des chefs d’État à la tribune officielle était démenti par les discussions en commissions où les délégations défendaient leurs intérêts économiques immédiats. C’est bien d’échec qu’il faut parler puisqu’aucun accord décisif n’a pu être conclu entre les différents pays et que, faute de solutions acceptées en commun, le processus de renchérissement des denrées ne s’arrêtera pas et que les phénomènes de spéculation continueront à l’amplifier. Le Vatican a vivement protesté contre ce qu’il faut bien appeler le fiasco inadmissible de l’espoir qui s’était concentré sur cette rencontre des principaux responsables de la planète. Il n’est pas pensable d’en rester là. La détresse du peuple de la faim crie vers le ciel.