Après être repartie de zéro, tout est à faire pour cette petite Église qui représente 0,05 % de la population.
Fils de Norodom Sihanouk, le roi Norodom Sihamoni a réussi à gagner le cœur de son peuple, notamment en se tenant à l’écart de la vie politique. La croissance économique a été de 6% en 2004, 13% en 2005, 10,5% en 2006, 9,5% en 2007… grâce au tourisme et aux exportations de vêtements. Mais une inflation de 20% ronge cette croissance, qui ne sera sans doute que de 7,5% en 2008, et le pays reste marqué par la pauvreté et une corruption endémique.
Quant au procès tant attendu des génocidaires Khmers rouges, il devrait pouvoir commencer, après neuf ans d’âpres négociations entre l’ONU et le gouvernement cambodgien. Mais le tribunal international ne jugera que les plus hauts responsables encore vivants du régime de Pol Pot, et n’inquiétera pas les nombreux hommes politiques qui sont d’anciens communistes. Plus de trente ans après la folie sanguinaire qui a coûté la vie à 1,7 million de Cambodgiens, la population va peut-être enfin obtenir sinon la justice du moins la vérité qui lui ont été refusées jusque-là.
L’Église avait également payé un très lourd tribut : après la chute des Khmers rouges en 1975, il ne restait plus aucun prêtre ni aucune religieuse, les trois quarts des catéchistes étaient portés disparus ainsi que la moitié des chrétiens. Des deux évêques khmers du pays, l’un, Mgr Tep Im fut assassiné, et l’autre, Mgr Salas mourut de misère et de faim dans les camps de travail forcé. Aujourd’hui, après les événements qui ont failli l’anéantir, elle ne représente qu’une trentaine de milliers de baptisés.
La vie de cette petite communauté s’organise dans la durée, grâce au soutien des missionnaires du monde entier. De nouvelles structures sont créées et des signes d’espoir apparaissent, même si les plaies sont loin d’être refermées.
Le 14 avril 1990, l’évêque de Phnom Penh, Mgr émile Destombes, célébrait la première messe après quinze ans de disparition de l’Église. La liberté de culte avait été rétablie quelques jours plus tôt. Cette messe célébrée dans un cinéma de la ville, faute d’autre lieu disponible, fut véritablement le signe de la résurrection de l’Église au Cambodge.
Aujourd’hui, il y a plus de 55 prêtres au Cambodge, soit autant qu’il y en avait il y a 35 ans. La moitié de ces prêtres sont originaires de six pays d’Asie, ce qui illustre bien le développement missionnaire des Églises d’Asie. On pourrait en dire autant des religieuses. Une école professionnelle et un centre d’accueil pour les malades du sida viennent d’être inaugurés par l’Église, dont le travail social est reconnu par l’État. Les communautés paroissiales, bien que petites et dispersées, sont bien vivantes et leur nombre s’accroît régulièrement par l’arrivée de nouveaux chrétiens.
La vie contemplative se rétablit avec la fondation d’un Carmel venu de Corée, et la présence de sœurs adoratrices. On envisage de reconstruire la cathédrale de Phnom Penh, rasée par les Khmers rouges. Le terrain existe et le projet est en cours mais la première des priorités pour l’Église au Cambodge, c’est de former les communautés et d’aider les gens à être responsables dans leur Église.