Très minoritaire dans un pays majoritairement orthodoxe, l’Église catholique accomplit un travail remarquable, reconnu par tous.
Dans un pays marqué par la pauvreté, soumis à des tensions internes (80 ethnies) et où la pression croissante de l’islam (40 % de la population) et des sectes se fait sentir sur l’Église orthodoxe, majoritaire (55 %) mais confrontée à des déchirements internes, l’Église catholique, bien que ne regroupant qu’un petit nombre de fidèles (0,5 %, soit environ 850 000 personnes), est présente sur tous les fronts de la vie du peuple, notamment à travers l’éducation et la santé.
à cause de la pauvreté, beaucoup cherchent du travail dans les États arabes voisins. Pour y travailler, les chrétiens sont contraints de modifier leur nom de baptême en nom musulman et les femmes doivent se vêtir comme des musulmanes. Pourtant ces Éthiopiens souhaiteraient rester dans leur pays qu’ils aiment.
L’Église orthodoxe vient de fêter son Millénium, les 2 000 ans de naissance du Christ, son calendrier ayant en effet un décalage de 7 ans avec le nôtre. Avec 500 000 prêtres et moines, plus de 40 000 églises et monastères, elle reste très présente dans la société éthiopienne, mais elle est fragilisée par un schisme de nature politique mené par l’ancien Patriarche.
Pour l’Église catholique, la priorité est le renforcement du travail pastoral parmi les siens comme pour Mgr Mussie Gebreghiorgis, évêque d’Endibir, auprès des 24 000 catholiques de son diocèse. Dans la paroisse de Saint-Marc, située dans le district de Ghaha, où de nombreux indigènes (populations tribales) adhèrent à la foi catholique, la construction d’une nouvelle église est prévue. Aux côtés de l’évêque, 11 prêtres travaillent dans la pastorale actuellement, avec entre 2 et 4 paroisses chacun. Trois autres ecclésiastiques étudient à l’étranger. Huit jeunes Éthiopiens se préparent à devenir prêtres. Le travail des catéchistes contribue largement à la pastorale.
Pour les 25 000 catholiques de son vicariat, l’évêque de Meki, Mgr Abreham Desta, peut compter sur 24 prêtres et 3 diacres qui seront bientôt ordonnés ainsi que sur 11 religieux. Awassa, à l’époque petit village de huttes, est devenu une ville de 200 000 habitants qui compte 13 000 catholiques. Le vicariat compte 12 prêtres diocésains et 32 missionnaires pour desservir 21 et 497 chapelles de brousse. Il faut rajouter 62 religieuses, 10 séminaristes, 54 catéchistes à plein-temps et 479 à temps partiel. Dans certaines régions, il s’agit de première évangélisation, et tout reste à faire.
Mgr Berhaneyesus, l’archevêque d’Addis Abeba, assure que la richesse spirituelle, les racines et les valeurs chrétiennes sont très présentes en Éthiopie. Et que son Église connaît beaucoup de vocations. La question est de savoir comment préserver cette richesse spirituelle. Le principal défi pour les Églises chrétiennes concerne les sectes d’origine nord-américaine, les gens étant attirés par l’ambiance chaleureuse et émotive de ces petits groupes. L’Église catholique entend pour sa part réagir en dynamisant sa pastorale de proximité, tout en pratiquant le plus possible un « œcuménisme de moyens » avec les orthodoxes.