3118-Tchad : l'Eglise face à la crise - France Catholique
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La justice de Dieu
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3118-Tchad : l’Eglise face à la crise

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Comme une malédiction, l’apparition du pétrole
a plongé le pays dans la crise : dégradation des conditions socio-politiques, tensions croissantes
avec les pays voisins.
Avec peu de moyens,
l’Église s’efforce de contribuer à réduire la pauvreté.

Arche de zoé, opérations militaires de grande envergure provenant de son voisin oriental, le Soudan, le Tchad est à nouveau au cœur de l’actualité. Pays enclavé et en grande partie désertique, il cumule plusieurs handicaps : espérance de vie en-dessous de 50 ans, mortalité infantile élevée, accès aux services sociaux de base limité et alimentation très pauvre. À cela s’ajoute un voisinage menaçant : Darfour à l’est et Centrafrique au sud, avec dans les deux cas, énormément de réfugiés : 240 000 du Soudan et 46 000 de la République centrafricaine.

Producteur et exportateur de pétrole, le Tchad n’en reste pas moins l’un des pays les plus pauvres du monde, où les perspectives prometteuses de l’or noir ont fait place à de grandes désillusions. 85 % des recettes du pétrole devaient être affectées à des activités prioritaires de réduction de la pauvreté. Or on assiste à une flambée des prix des denrées de première nécessité et des loyers.

Comme si cela n’était pas suffisant, les différentes ethnies se disputent le contrôle des ressources naturelles et des conflits sanglants parsèment les régions fronta­lières. En plus des réfugiés déjà cités, il faut ajouter 180 000 Tchadiens réfugiés dans leur propre pays, fuyant une insécurité sous toutes ses formes. Massacres des populations entre elles, climat social de plus en plus malsain, corruption généralisée, forces de sécurité agissant sans foi ni loi et en toute impunité au détriment de la population, crise morale et civique sans précédent, le pays ne va pas bien !

Sur les huit millions d’habitants que compte le Tchad, 33 % sont chrétiens, 44 % musulmans et 23 % animistes. À travers son engagement dans le développement et son travail en matière d’éducation et de santé, l’Église prend à bras-le-corps le problème de la pauvreté. Elle prend une part active dans le soutien des réfugiés, si nombreux dans le pays, en pourvoyant tant que possible aux besoins alimentaires de ces populations.
Seule, elle s’est dressée pour ré­soudre la question des enfants cyniquement dénommés « enfants bouviers », qui sont achetés par les éleveurs, forcés à accepter l’islam comme religion, traités dans des conditions inhumaines et déportés loin de leur famille comme du bétail.

L’Église s’oppose également fermement à l’excision, encore pratiquée couramment. « La pratique de l’excision est interdite par l’Église parce qu’elle est un attentat contre l’intégrité de la personne humaine comme Dieu l’a créée », répètent les évêques.
Pour l’éducation, l’archevêque de N’Djamena, Mgr Mathias Ngarteri, précise : « Notre travail consiste en particulier à organiser l’enseignement primaire et secondaire, et à mettre sur pied des projets sociaux : aide aux personnes les plus vulnérables, jeunes et personnes âgées ; programmes d’éducation à la paix et à la réconciliation. Malheureusement, on prévoit que les réfugiés devront rester pour une longue période dans les camps de réfugiés, dans des conditions dif­ficiles. »

D’après des estimations de l’UNHCR,
50 000 enfants d’âge scolaire ne fré-­quentent pas l’école à cause du manque de moyens, parmi lesquels le manque d’enseignants et de matériel scolaire. Très peu de gens se soucient en réalité de l’avenir de la jeunesse. L’Église s’attelle à la formation et à l’éducation des jeunes afin que demain, ils puissent construire leur pays et trouver leur place.