3117-Turkménistan : la liberté étouffée - France Catholique
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La justice de Dieu
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3117-Turkménistan : la liberté étouffée

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Dans ce pays de 5 millions d’habitants à majorité sunnite (89 %), les orthodoxes représentent 9 % de la population et les catholiques une poignée, de retour seulement depuis une dizaine d’années. La liberté religieuse y est très limitée.

Le 21 décembre 2006, le président Nyazov est brusquement décédé d’une attaque cardiaque à 66 ans. L’un des derniers régimes autocratiques de la planète, le Turkménistan était dirigé de façon dictatoriale depuis plus de 15 ans par Saparmourad Nyazov. Héritier des méthodes staliniennes, cet ancien dirigeant soviétique de la République avait été élu en 1992 et réélu président à vie en 1999. Il cumulait les postes de chef de l’État, de Premier ministre, de commandant suprême de l’armée et de chef du Parti démocratique du Turkménistan, le seul parti autorisé. Aucune voix dissidente n’était tolérée, et ces dernières années ont vu se succéder les purges et les répressions contre les éventuels opposants, notamment les dignitaires religieux musulmans et chrétiens.

Nyazov se faisait appeler Turkmenbachi (le “Père des Turkmènes”) et avait instauré un véritable culte de la personnalité qui ne cessait de s’accentuer. Il a écrit le seul livre en vente libre dans le pays, le Ruhnama (“Livre de l’âme”), qui sert de guide spirituel officiel pour toute la nation. Il a entrepris des constructions somptuaires à sa gloire, dont une statue en or qui le représente, construite sur une colline qui domine la capitale.

Pendant ce temps, le Turkménistan vit dans un isolement presque total, la population est maintenue dans une grande pauvreté, et les bénéfices de la production d’hydrocarbures – le pays dispose d’une des plus importantes réserves de gaz au monde – ne profitent qu’aux dirigeants du pays. Officiellement, pour l’extérieur, le président Nyazov s’évertuait à promouvoir l’image d’un régime démocratique, renouant un dialogue avec l’Union Européenne en mai 2005. Sa mort soudaine et le problème de sa succession ont plongé le pays dans l’incertitude.

La présence chrétienne au Turkménistan remonte au 2e siècle… mais elle a subi persécution et effacement. Elle revit depuis une dizaine d’années. Le père Andrzej Madej est administrateur apostolique. Il témoigne : “La Constitution garantit la liberté religieuse” – puis il y a un long silence. “Nous sommes isolés psychologiquement”. Il y a deux prêtres au Turkménistan, aucune religieuse et la communauté catholique assure sa survie seulement grâce à la méditation de la parole de Dieu, à la prière et à l’Eucharistie. Le jeudi, les fidèles se retrouvent pour l’Adoration eucharistique. Chaque jour, ils récitent le chapelet et celui de la Miséricorde. Voilà la source qui nourrit la vie de la communauté catholique. Il y a également une catéchèse pour les adultes et les jeunes ainsi qu’un groupe d’enfants. Toutes ces rencontres ont lieu dans les maisons des fidèles. Actuellement, 50 catéchumènes se préparent au baptême. De temps à autre, ils reçoivent des invités venant de l’étranger, parfois même des prêtres. Les rencontres avec eux encouragent les fidèles.

De temps en temps, le père Andrzej et son confrère vont à l’étranger pour « une quête de prière ». Et l’idée que de nombreuses personnes prient pour l’Église au Turkménistan leur donne beaucoup de force. Certaines personnes offrent même leur croix personnelle et leurs souffrances pour elle. Cela semble porter des fruits, car entre-temps, une jeune femme venant d’une famille turkmène est devenue religieuse à Lagiewniki près de Cracovie, le sanctuaire de Sainte Faustine. Deux jeunes hommes, âgés de 16 ans seulement, ressentent eux aussi la vocation d’intégrer un ordre religieux. Des prémisses encore timides et qu’il faut soutenir.