Le séjour de Benoît XVI aux Etats-Unis doit laisser dans le cœur et le souvenir de nos amis d’Outre-Atlantique une profusion d’images fortes que les médias ont d’ailleurs diffusées dans le monde entier. Il est sûr que le pape en prière à Ground Zero et accueillant héros de la tragédie et héritiers des victimes a marqué les esprits. On pourrait en dire autant, même si elle fut à l’abri des caméras et des témoins indiscrets, de la rencontre du Saint-Père avec les victimes de la pédophilie qui a tellement blessé le catholicisme américain et la nation entière. Partout Benoît XVI a eu les gestes et les paroles bienvenus. Mais comme toujours, avec cet intellectuel aigu et ce docteur de la foi, c’est à son message énoncé dans ses longues interventions que l’on reviendra avec le plus de profit spirituel.
Que les États-Unis constituent un espace particulièrement ouvert à la liberté religieuse, le Pape n’a pas manqué de le souligner, en rappelant ainsi quelle mission originale le catholicisme avait pu remplir, en trouvant une situation privilégiée au sein de la nation avec un message social, éducatif, universitaire, très remarquable. Cependant, le pluralisme américain a un revers qui consiste dans un certain relativisme qui tend à égaliser les convictions et aboutit parfois à une sorte de religion civile qui brouille l’horizon de la liberté et de la vérité. Or, l’Église ne peut transiger sur l’essentiel qu’elle a reçu du Christ et de la tradition des apôtres. Sa participation résolue au dialogue œcuménique, sa proximité désormais évidente avec le judaïsme, ses contacts multiples avec toutes les traditions ne sont pas justifiés par la seule recherche de la concorde universelle, si indispensable soit-elle, mais par une volonté de poursuivre avec une plus grande détermination une quête qui concerne le sens suprême de la vie humaine.
Benoît XVI a également décliné ce message à la tribune de l’Organisation des Nations Unies en approfondissant la philosophie des droits de l’homme que son prédécesseur avait déjà éclairé d’une façon très nouvelle. En effet, le philosophe Léo Strauss reprochait aux théories modernes du politique d’avoir, en quelque sorte, rabaissé l’exigence de vérité et de vertu qui était celle de la pensée classique. Benoît XVI répond à cette objection en montrant que les droits des modernes « trouvent leur fondement et leur forme dans la nature transcendante de la personne, qui permet aux hommes et aux femmes d’avancer sur le chemin de la foi et de la recherche de Dieu dans le monde ».
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ