Les jeux olympiques offrent une tribune unique. Si le pays hôte en est en principe le premier bénéficiaire, d’autres cherchent, comme les Tibétains, à s’en servir pour faire avancer leur cause. Désormais, le pouvoir communiste craint de ne pas tirer tout le bénéfice attendu de l’événement. Il est tenté par la répression tous azimuts, mais avec un timide début de souci de sa respectabilité internationale. L’Église catholique a, pour sa part, tout fait pour anticiper ce moment crucial des Jeux, notamment à travers la Lettre aux catholiques de Chine de Benoît XVI, publiée le 27 mai 2007, et les rencontres, bien que discrètes, qui l’ont suivie entre représentants des deux parties.
Les deux grands obstacles qui persistent sont d’abord la nomination des évêques : Pékin veut garder la main, ce qui est inacceptable pour le Vatican ; et ensuite la question de la liberté religieuse : inutile de signer des relations diplomatiques si la vie concrète des communautés reste soumise à un contrôle abusif.
Pékin continuera-t-il de souffler le chaud et le froid dans ses relations avec Rome ? Petit rappel historique (récent) : 2005 avait vu des nominations épiscopales avec l’accord tacite de Rome, notamment celle de Mgr Joseph Xing Wenzhi comme évêque auxiliaire de Shanghai. Cette ordination avait ouvert une phase nouvelle dans les rapports entre l’Église de Chine et le Saint-Siège.
Mais quatre nouvelles ordinations sans l’approbation de Rome en 2006 avaient relancé la tension. Le Saint-Siège avait fortement réagi en se déclarant « surpris » et en parlant de « grave violation de la liberté religieuse ». La colère du Saint-Siège était à la hauteur des espoirs formés sur un rapprochement avec la Chine, mais la vigueur de cette réaction, qui tranchait avec la prudence habituelle des communiqués du Vatican, aura néanmoins permis de clarifier les choses. Désormais, si le gouvernement chinois voulait vraiment des relations avec le Saint-Siège, il serait obligé d’entrer en dialogue directement avec lui, sans passer par l’Association patriotique des catholiques chinois, qui était clairement apparue comme étant à l’origine de tous les sabotages contre une reprise des relations diplomatiques entre Rome et Pékin.
Le cardinal Zen, archevêque de Hong Kong et qui vient d’assurer la méditation du Chemin de Croix le Vendredi saint à Rome, estimait alors que « les catholiques étaient en train de gagner ». Car, « avec de la patience et de la ténacité, ils sont en train de conquérir des espaces de liberté significatifs ». « Si le gouvernement communiste contrôle les structures, avait illustré l’archevêque, il ne contrôle pas les cœurs et les esprits des fidèles. »
Malgré cela, la situation était restée tendue et la persécution se poursuivait. Quelques exemples : deux jeunes prêtres de l’Église clandestine dans la province du Hebei, les pères Lu Genjun et Guo Yanli, ont été arrêtés le 23 février 2006. Le 25 juin, l’évêque catholique Jia Zhiguo, en charge du diocèse de Zheng Ding, a été arrêté pour la neuvième fois, et emmené dans un lieu inconnu. Âgé de 72 ans, gravement malade, l’évêque était hospitalisé lors de son arrestation. Le 3 août, Mgr Yao Liang, 82 ans, évêque auxiliaire du diocèse de Xiwanzi, a été arrêté pour la seconde fois en 18 mois, ainsi que Li Huisheng, prêtre de 33 ans du même diocèse.
Avec tous les autres témoins du Christ et notamment tous les martyrs de ce pays, c’est-à-dire ceux qui ont remporté la palme de la victoire (saint Paul), nous serons heureusement surpris lorsque l’Église en Chine s’éveillera… cela a déjà commencé !