3112-Soudan : nouvelles menaces - France Catholique
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3112-Soudan : nouvelles menaces

par Marc FROMAGER
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Alors que les yeux de la communauté internationale sont fixés sur le Darfour, on ne saurait oublier le Sud Soudan, et ses chrétiens (16% de la population) toujours menacés. Entre 1983 et 2005, une guerre civile a opposé le Nord, arabe et musulman, au Sud, africain, chrétien et animiste. Le cœur du conflit ? Les champs pétrolifères découverts dans le Sud et dont le gouvernement de Khartoum voulait tirer exclusivement tous les bénéfices. La dimension ethnique et religieuse s’est rajoutée à cette guerre économique, le Nord voulant faire disparaître la chrétienté du pays au profit d’une islamisation forcée. «Alors que l’Occident est intervenu au Kosovo en faveur des Albanais musulmans, remarque amèrement Mgr Gassis, évêque d’El Obeid, il ne fait rien devant le massacre des chrétiens de mon pays. Tout comme le Christ a été trahi pour trente deniers d’argent, l’Occident trahit et vend le peuple africain du Soudan pour quelques barils de pétrole. Une fois que mon peuple aura été exterminé, l’Occident ‘chrétien’ élèvera certainement des monuments à sa mémoire ». Signé en 2005 pour mettre un terme à plus de 20 ans de guerre civile (deux millions de morts, entre quatre et six mil­lions de déplacés), le traité de paix prévoyait l’intégration de membres du SPLM (Mouvement de libération du peuple soudanais, représentant les intérêts du Sud) dans le gouvernement de Khartoum, la formation d’une administration autonome du Sud Soudan, et l’organisation d’un référendum sur l’indépendance du Sud du pays. Or, cet accord est resté en grande partie inappliqué : les profits du pétrole ne sont pas répartis entre Nord et Sud, l’armée nordiste ne s’est pas complètement retirée du Sud, et la zone de frontière entre le Nord et le Sud a été remilitarisée. Le 11 octobre, les membres du SPLM ont décidé de se retirer du gouvernement d’union nationale, pour protester contre les violations du traité de paix. Même si, pour l’instant, personne ne parle de reprise de la guerre, la tension entre les forces gouvernementales et les milices du SPLM est réelle. Paradoxalement un certain réarmement du Sud a été rendu possible par le soutien financier et matériel des ONG et par les Nations Unies. Le gouvernement du Sud n’a pas construit les infras­tructures dont les populations ont tant besoin, malgré son engagement à le faire. Pas d’écoles et d’hôpitaux pour la population civile, mais de gros investissements pour l’armée : nouveaux matériels, nouvelles recrues. La communauté internationale se contente de regarder et ne fait rien pour arrêter ce processus qui risque de provoquer une nouvelle tragédie. Pour l’évêque émérite de Torit (diocèse du Sud), Mgr Taban, la situation au Soudan ressemble à «une espèce de guerre froide. Malgré l’accord de paix, et même si, depuis 2005, les bombes ne s’abattent plus sur nos villages, la situation est presque plus dangereuse, car aujourd’hui, les besoins des populations sont invisibles : nous attendons toujours des puits d’eau, des écoles et des dispensaires. » Il existe en outre des situations comme celle des monts Nuba, une autre zone disputée entre le Nord et le Sud, où l’Église se substitue en toute chose à l’absence de l’État. En attendant de décider en effet si les monts Nuba appartiennent au Nord ou au Sud, ni l’administration de Khartoum ni celle du Sud ne sont présentes. La population est livrée à elle-même. « C’est notre croix, affirme Mgr Taban, évêque émérite de Torit. Nous ne demandons pas au monde de porter notre croix, nous lui demandons seulement d’être notre Simon de Cyrène ». L’année dernière, l’AED a offert 1,4 million d’euros pour aider l’Église du Soudan à porter sa croix.

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