3110-Haïti - France Catholique
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La justice de Dieu
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3110-Haïti

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Pauvre parmi les pauvres, l’Église d’Haïti fait courageusement face aux sectes et à la généralisation du vaudou, en misant sur la formation intellectuelle.

D’après l’indice de développement humain des Nations unies, Haïti se classe 150e sur les 173 pays recensés. Le taux de chômage officiel est de 60 %, l’espérance de vie de moins de 50 ans pour les hommes et de 54 ans pour les femmes. 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, dans un état de misère inacceptable. Plus d’un million de Haïtiens ont fui le pays pour trouver de meilleures conditions de vie.

Outre la souffrance quotidienne de cette population, cette situation n’est pas sans présenter des risques pour la région. En effet, on estime que le nombre d’habitants pourrait atteindre les 20 millions en 2019. Or, 20 millions de personnes pour la plupart misérables, aux portes des Amériques, c’est une bombe à retardement qu’il faudrait désamorcer le plus vite possible.
Mais aucun progrès ne pointe à l’horizon. Ce pays manque de tout : ressources humaines (il y a très peu de personnes instruites ou formées), ressources natu­relles (du fait de la déforestation, la situation écologique est d’ailleurs catastrophique). Malgré cela, des signes poli­tiques d’espérance demeurent. Des élections présidentielles, législatives et municipales ont eu lieu (en 2006) et leur assez bon déroulement a montré la détermination du peuple à faire avancer le processus démocratique.

Quant à l’Église, elle fait son possible pour soulager la population et accompagner le changement de mentalités, nécessaire après de nombreuses années de dictature. Mais que faire sans aucun moyen ? « Certains matins » déclare le père Michelin, « je me réveille en sursaut. Que vais-je manger aujourd’hui et que vais-je donner à ceux qui n’ont rien ? », se demande-t-il. Ces préoccupations, ce sont celles des curés de toutes les paroisses d’Haïti. « Je n’ai rien, les gens n’ont rien. Je vis dans une maison prêtée par une famille, car je n’ai pas de presbytère. Je mange ce que mes paroissiens veulent bien me donner, car je n’ai aucune ressource propre. » À l’image de ce prêtre, ils sont des centaines, religieux, religieuses, à donner leur vie pour être les pasteurs de ce peuple haïtien prisonnier de la misère.

« Nous sommes complètement dépendants de l’aide étrangère, constate Mgr Hubert Constant, archevêque de Cap-Haïtien. Nous devons constamment demander, car ici, nous n’avons rien. Rien. »

Dans ce pays, comme dans tant d’autres, l’Église pallie les manques de l’État : l’éducation, la santé, l’instruction. Le prêtre est l’autorité morale, le juge, mais aussi le médecin, le chauffeur de taxi – il est souvent le seul à disposer d’un vé­hicule. En réalité, la seule richesse des Haïtiens est leur foi. Une foi fervente. Les églises sont pleines pour les messes de semaine, à 5 ou 6 heures du matin. Les séminaires et maisons de propédeutique sont également remplis.

Néanmoins, l’Église d’Haïti doit relever le défi de la formation. Pour tous les évêques, c’est la priorité. Former les séminaristes, les catéchistes, les laïcs et également former de bons formateurs pour seconder et aider les prêtres dans la mission d’évangélisation et pour répondre à deux très grands défis : l’invasion des sectes protestantes, dont certaines sont riches, et le syncrétisme religieux, avec la pratique du vaudou presque partout présente.