3109-Toujours les valeurs chrétiennes - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3109-Toujours les valeurs chrétiennes

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Lors de la sixième journée européenne des universités (1er mars) centrée sur les relations entre les deux côtés de l’Atlantique, Benoît XVI a déclaré à son public d’étudiants : « Le christianisme constitue un lien fort et profond entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde ; malheureusement ce qu’on appelle la civilisation occidentale a trahi en partie son inspiration évangélique ». Reprenant ainsi un débat récurrent, le pape a mis l’accent sur la vraie signification de ce qu’on appelle ordinairement « nos racines chré­tiennes ». L’acharnement de beaucoup pour s’opposer à toute mention explicite du rôle du christianisme dans l’élaboration de notre civilisation trouve ici son explication la plus forte. Pourquoi s’enfoncer dans le ridicule d’un tel déni sinon par peur d’un rappel qui sonne comme une mise en garde, et plus encore une sommation à retrouver un sens de la dignité humaine de plus en plus compromis par la manipulation, la marchandisation, voire la négation de notre humanité.

Que le message de la Bible et le ferment évangélique ne soient pas seuls en cause dans nos origines culturelles, les chrétiens seront les derniers à ne pas l’admettre eu égard à ce que notre ami Rémi Brague appelle « la secondarité du christianisme », c’est-à-dire cette faculté de reconnaître ce qui le précède, en en faisant ressortir le bien fondé. De même que l’Église primitive reconnaît dans le livre saint des juifs son Ancien Testament, de même la philosophie grecque et le droit romain trouvèrent dans leur ordre l’accueil le plus empressé. C’est bien pourquoi, selon Henri Irénee Marrou, il n’y avait nulle peur chez les premiers chrétiens de confier leurs enfants aux écoles de l’Empire pour en reccueillir les meilleures leçons humanistes. C’était aussi la démarche d’un Ricci et de ses compagnons dans la Chine du XVIIe siècle où ils étaient devenus mandarins parmi les mandarins. Mais cette ouverture au trésor des civilisations du monde n’abolissait pas la nouveauté absolue du Christ et de sa révolution de l’Agapé.

On sait qu’au XVIIIe siècle, le mouvement européen des Lumières, qui consistait pour l’essentiel en un essor du savoir pour un progrès généralisé, n’était pas indemne de violentes poussées antichrétiennes. Ce sont celles-ci qui expliquent encore aujourd’hui le furieux déni des racines chrétiennes. Pourtant, ce n’est pas la Raison, la science ou le progrès qui sont en cause dans ce conflit des mémoires et des valeurs, mais précisément cette nouveauté absolue qui du Christ se reflète sur tous les visages d’hommes. Exclure cette nouveauté permanente de la grâce, ce n’est pas servir l’humanisme moderne, c’est se mutiler de sa référence au secret de notre dignité et de notre salut.