3107-Cuba, ouvrez les portes aux Christ - France Catholique
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Persécutions : le martyre des chrétiens
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3107-Cuba, ouvrez les portes aux Christ

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Dix ans après cet appel de Jean-Paul II à La Havane, rien ne semble avoir changé pour la population. Mais l’Église a gagné un peu plus de liberté… A la havane, hormis quelques ruelles de la vieille ville pour le bonheur des touristes, rien n’a été entretenu, le délabrement est général. « Ici, c’est Jurassic Parc » m’a-t-on dit, pour signifier à quel point la vie était fossilisée. Pas de promotion sociale à attendre, pas de changement à espérer, la vie est un long fleuve immobile. Pas de téléphones portables, c’est in­terdit pour les Cubains. Même le cardinal archevêque de la Havane n’a pas de por­table à son nom… Pas d’accès à Internet ! Mais avant de satisfaire ces nouveaux besoins technologiques, il faut d’abord se nourrir. Au bout de 50 ans, les tickets de rationnement sont encore l’horizon du quotidien. Unique consolation : tout le monde est à la même enseigne ! Le mécontentement populaire est réel, même si son expression reste étroitement surveillée. Cela n’empêche pas l’Église de prendre position. Dans son message de Noël prononcé à la radio officielle, Mgr Wilfrido Pino, évêque de Guantanamo-Baracoa déclarait « qu’il serait bon que les inquiétudes et les mécontentements de la population cubaine trouvent une solution rapide de la part de ceux qui doivent le faire ». Pour plaisanter, les Cubains disent que leur pays connaît trois succès et trois échecs : l’éducation, la santé et le sport sont indéniablement une réussite. Les trois échecs sont le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner ! Il reste que, sans Chavez et son pétrole bon marché, l’économie cubaine serait réellement en difficulté. Un tiers de la population se dit catholique et il faut reconnaître à l’Église une étonnante vitalité. Les fidèles sont libres de pratiquer leur foi, mais les entraves demeurent. L’Église n’a pas accès aux médias ni à l’Éducation et reste surveillée. Pourtant, la situation s’est nettement améliorée et les évêques sont remplis d’espérance pour l’avenir. Le régime reconnaît d’ailleurs le travail positif de l’Église sur le plan social, et ap­­porte même un soutien financier à certains projets. Les relations entre l’Église et l’État sont donc plus apaisées. On peut parler de processus graduel de compréhension depuis le voyage de Jean-Paul II en janvier 1998, qui a été un tournant. Le voyage du cardinal Bertone à Cuba per­mettra, on l’espère, de consolider ce processus et peut-être d’obtenir encore quelques avancées. En attendant, les initiatives pastorales de l’Église sont nombreuses. Il faut citer les « casas misiones », logements ordinaires où se rassemblent les chrétiens du voisinage pour partager la Parole de Dieu, prier, parfois célébrer la messe. Ces maisons de mission permettent de suppléer au manque d’églises (aucune construction d’église n’est autorisée) mais aussi de retrouver le dynamisme des premières communautés chrétiennes. Rien que pour le diocèse de la Havane, on en compte 400. La formation est également importante avec plus de 300 laïcs qui étudient la philosophie et la théologie. Toujours pour le diocèse de la Havane, près de 1200 adultes se font baptiser chaque année. Mais cette vitalité a un coût et l’Église à Cuba est loin de parvenir à équilibrer ses comptes. Elle reste dépendante de l’aide apportée depuis l’étranger. Pour l’AED (Aide à l’Église en Détresse), Cuba reste une priorité et figure parmi les 10 pays les plus aidés au monde, avec plus d’un million d’euros envoyés l’année dernière pour soutenir les projets de l’Église. « Que Cuba s’ouvre au monde et le monde à Cuba », avait également dit Jean-Paul II lors de sa visite il y a dix ans. Qu’espérer de plus pour ce pays, sinon que cela se réalise sans trop tarder ?

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