3106-Pakistan, le calvaire des chrétiens - France Catholique
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La justice de Dieu
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3106-Pakistan, le calvaire des chrétiens

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Petite minorité dans un pays en proie au chaos, les chrétiens sont la cible de violentes attaques. Perdus dans un milieu hostile, ils tentent, tant qu’ils le peuvent, de survivre.

Le pays est en plein chaos : après l’assaut en juillet dernier contre la Mosquée rouge, fief des islamistes, le retour d’exil du chef de l’opposition, Benazir Bhutto en octobre, dans un bain de sang (130 morts), la crise judiciaire avec l’instauration de l’état d’urgence, et enfin la montée en puissance des talibans à la frontière afghane, le récent assassinat de Benazir Bhutto et de nouveaux attentats suicides illustrent à quel point le Pakistan est soumis à un climat de violence.

Cette violence n’épargne pas les chrétiens qui forment 3 % de la population et qui vivent un véritable calvaire. Extrême minorité perdue au milieu d’une communauté musulmane ultra majoritaire, l’Église catholique, qui représente 1,5 million de personnes, ose cependant une parole pour défendre la liberté religieuse et pour réclamer un respect de tous. Malgré des situations proches de la persécution, elle accomplit la charité sans distinction de confession.
Ainsi la commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale catholique pakistanaise attire-t-elle régulièrement l’attention des auto­rités sur les violences grandissantes dont les chrétiens de toutes dénominations sont la cible. En octobre, la commission a lancé un cri d’alarme face à la situation des chrétiens de la région du Nord-Ouest du Pakistan, à la frontière avec l’Afghanistan. Cibles de violences, de menaces et d’intimidations de la part de groupes radicaux islamistes qui agissent en toute impunité. Le 15 sep­tembre dernier, en pleine nuit, une bombe a frappé une école catholique, située dans le district de Bannu, où vivent près de 800 familles chrétiennes. L’attentat n’a pas fait de victime mais a détruit la chapelle de l’école ainsi que d’autres parties de l’établissement. Elle accueille 50% d’élèves chrétiens et 50% d’élèves musulmans, l’équipe d’enseignants étant également de religions différentes. Une école «modèle» en termes de cohabitation pacifique et d’harmonie dans cette région tourmentée, ce qui n’a pas suffi pour la préserver.

La vie quotidienne des chrétiens est souvent épouvantable et les témoi­gnages sont bouleversants. Ainsi, Sœur Pilar Vilasanjuan, de la Congrégation Jésus et Marie, missionnaire espagnole à Lahore, affirme que pour la minorité chrétienne, il est «difficile de vivre». «Les chrétiens souffrent ici tous les jours, non pas du manque de nourriture ; ils ont de quoi manger, mais ils sont chassés des usines parce qu’ils sont chrétiens ; c’est une situation terrible, impossible à expliquer», dit-elle, en insistant sur la nécessité de la «tolérance» et de la «réciprocité». La religieuse conduit régulièrement des familles hors du pays, « menacées parce qu’elles sont chré­tiennes». Sœur Pilar critique également l’attitude de l’Europe à l’égard de l’islam : « En Europe nous ne sommes pas soutenus, on soutient l’islam ; mais plus ils obtiennent là-bas de considé­ration, plus ils sont durs à notre égard ici».

« Tandis qu’en Europe on continue à construire des mosquées », commente la missionnaire, elle «a vu tomber les croix de presque toutes les églises ! » « Ils veulent que nos temples aient des toits plats, sans croix, afin que l’on ne remarque pas que ce sont des églises». Pourtant, «j’aime ce pays, poursuit sœur Pilar, mais quand on parle de foi, il n’y a pas de respect». La religieuse a exprimé son désir de vivre parmi les musulmans, en les aimant et en les respectant, mais elle demande «la même chose pour nous». Sœur Pilar est convaincue que les missionnaires dans ces pays ont avant tout besoin de prières. «Aujourd’hui être missionnaire dans certaines régions est dangereux», et les prières aident «à aller de l’avant», affirme-t-elle. Comment ne pas répondre à son appel ?