Dans quelques jours, nous fêterons le cent cinquantième anniversaire de la première apparition de la Mère de Dieu à Bernadette Soubirous. C’était le 11 février 1858 à la grotte de Massabielle, où l’humble fille du meunier était partie chercher du bois…Extraordinaire histoire que celle-là, qui pourrait être assimilée à un conte de fée, si le merveilleux n’était pas tout simpement l’intrusion du ciel sur un coin de la terre, et si ce n’était pas une page d’évangile toute pure. Cette petite fille du Béarn concentre en elle toutes les Béatitudes. Issue de la plus pauvre famille de la ville, dépourvue de savoir et de tout prestige aux yeux du monde, elle est l’élue de Dieu qui s’adresse aux plus humbles. On connaît la suite de la rencontre des bords du Gave. C’est comme si des quelques bûches recueillies avait jailli un feu immense pour éclairer la terre.
Mais Bernadette s’est retirée aussitôt qu’elle a livré le message de l’Immaculée. Elle est la première d’un cortège sans fin qui s’écoulera dans la grotte. Foule immense des riches et des pauvres, des réputés et des anonymes, des bien portants et des malades, avec cette particularité qu’à Lourdes c’est la logique du Magnificat qui prévaut. Les pauvres, les malades, les exclus sont les premiers servis. Et c’est comme si la transmutation des valeurs s’opérait sans cesse à l’encontre des normes établies. Certes, il n’y a ici nul mépris pour la science et le progrès et la ville mariale bénéficie de toutes les avancées de la technologie, ne serait-ce celle qui permet le meilleur accueil des souffrants. Mais Dieu est le premier servi et la charte du Royaume inaugure comme une autre société.
Certes, on reproche à la ville mariale l’indiscrétion de son commerce saint-sulpicien. La belle affaire ! C’est André Frossard qui parlait, avec son humour coutumier, des confetti de la piété. Les humbles souvenirs ramenés de Lourdes établissent une chaine d’amitié et de solidarité, avec une présence établie dans les foyers qui perpétue le message et les grâces vécues. On les retrouve même sur les tombes de nos cimetières. Il faut donc s’interroger sur cette force si singulière qui défie nos meilleures inventions pastorales. A la grotte de Massabielle, les cœurs s’ouvrent, les lèvres murmurent les désirs les plus profonds, les âmes se convertissent, tandis que par milliers jeunes et moins jeunes découvrent les gestes de la charité. On l’a dit à juste titre, derrière les milliers de miracles physiques accomplis par la médiation de la Vierge Sainte, il y a un grand miracle permanent. Sans doute, celui qui continue à nous communiquer l’appel d’en haut et nous rappeler que fils et filles de cette terre nous sommes tous appelés à être citoyens du ciel pour une filiation divine. C’est pourquoi ce cent cinquantième anniversaire est d’ores et déjà le plus beau cadeau de cette année 2008.
Gérard LECLERC
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