Prier en famille…
Heurts et malheurs…Trucs et astuces
Comment prier en famille ?
Question épineuse pour toutes celles qui tentent l’expérience…et pour notre famille en particulier…c’est vous dire combien le dossier de France-Catholique sur le sujet a été accueilli avec joie. Enfin la clef pour résoudre nos difficultés de régularité, de formule à trouver pour une prière qui plaira et à Dieu et à ses sujets ! L’ouvrage du Père Lécuru que vous recommandez et que nous allons sûrement utiliser, répond sur plusieurs aspects à ce que nous recherchons dans ce temps de prière familial: des prières pour « aider à donner des mots nécessaires pour prier en toutes circonstances » et qui « empruntent beaucoup à la Parole de Dieu et à la liturgie de l’Eglise ». Aider les enfants à s’imprégner de la Parole de Dieu et les conduire à la faire leur, les conduire à une vie de prière personnelle,voilà ce qui oriente le choix de la forme de notre prière familiale et notre désir de parent le plus profond.
Une fois ceci posé, comment concrètement conduire notre prière familiale ?
Heurts et malheurs…
C’est là que votre dossier nous a un peu laissé sur notre faim ! Vous laissez le champ ouvert : à chacun sa formule («elles n’ont pas vraiment de truc ») : mais quand elles n’en ont pas du tout ?, les membres auraient en commun le fait de « jouer le jeu » : certes, mais comment faire lorsque vous vous trouvez en face d’ados boudeurs et qui se refusent à coopérer? « Place à l’Esprit Saint » : où est-Il donc passé lorsque la prière commence par une dispute pour allumer les bougies, se poursuit par une séance de bâillements quasi-générale dès les premiers mots et s’achève de manière précipitée tant la tentation est grande pour la mère de famille de régler d’une paire de gifles le compte du petit qu’elle vient de surprendre en train de pincer, l’air de rien, le cadet ? Vous le dites bien aussi : « cela n’a rien d’évident », « ni au départ, ni sur la distance ». Les formules seront toujours amenées à évoluer tant elles dépendent de l’âge des enfants, de l’éventail de ces âges, du temps que nous sommes disposés à y consacrer, de même que les outils dont nous disposons ( un coin-prière fixe ou non, une culture religieuse des parents plus ou moins importante, des livres, un goût pour le chant,…) .
…trucs et astuces
Et pourtant, quelques petits trucs, qui se chuchotent de bouche à oreille de parents, peuvent donner des idées, peuvent trouver des échos. Un forum internet, pourquoi pas, mais très simplement des échanges spontanés sur le sujet, un courrier des lecteurs…
En tout cas, l’expérience chaotique de notre prière familiale nous a conduit aux conclusions suivantes : tant que nous n’avions pas de coin de prière fixe dans la maison, il nous a été très difficile de trouver du temps pour prier ensemble. Au gré des déménagements, ce lieu s’est trouvé dans le couloir, dans le salon, dans la chambre des parents, même aussi dehors, dans le jardin, éclairé la nuit et visible d’une fenêtre. L’essentiel est de pouvoir se retrouver à regarder ensemble vers une icône, une statue. Les enfants ont parfois voulu que ce coin soit dans leur chambre mais cela peut entraîner des jalousies et il faut alors tourner d’une chambre à l’autre : l’enfant qui accueillera le coin-prière pendant une semaine ou un mois en sera plus spécialement responsable. Un coin-prière visible en permanence aide à la régularité et la prière familiale sera plus qu’une parenthèse dans la journée.
Que faire quand les enfants résistent ?…la question des différences d’âge.
En grandissant, beaucoup de parents se heurtent au refus de leurs enfants de se joindre à eux et aux plus petits de leurs frères et soeurs. Il est souvent difficile de leur imposer d’être présents. Catherine, mère de 4 enfants de 9 à 17 ans, décrit leur situation avec humour : « J’appelle tout le monde à la prière. Je prie avec ceux qui sont là. Parfois je suis tout de seule. Ce n’est pas grave. Je prie à haute voix et je sais qu’ils m’entendent, l’air de rien, derrière leur porte fermée ou semi-ouverte. ». La réticence de certains ne devrait pas avoir raison de l’ardeur des autres !
Gérer des petits enfants turbulents n’est pas forcément évident non plus : avec eux, les chants gestués passent très bien1, les intentions de prière et les formes un peu répétitives de questions et de réponses (chaque enfant à tour de rôle invoque son saint patron et tous répondent « Priez pour nous », par exemple).
Une courte lecture intéressera les plus grands et les familiarisera avec la Bible. Cela peut-être un fragment de la lecture du jour (veiller à la qualité de l’attention et de la compréhension par une courte explication ou un question).
Lorsque les écarts d’âge sont importants, la dizaine de chapelet est accessible à tous : Chaque enfant peut faire une intention particulière, faisant ainsi simplement partager à tous sa prière personnelle, à son niveau. Les petits seront heureux de parler, les plus grands pourront sobrement s’y associer.
Plus il y aura d’idées de formes de prières différentes, plus la famille pourra adapter la formule de sa liturgie à ses besoins ou humeurs du moment, et faire goûter aux enfants la diversité et la richesse d’une vie de prière.
Que faire pour éviter l’essoufflement ? Lorsque les ardeurs d’une bonne résolution de prière régulière diminuent ? Surtout se rappeler que le microcosme familiale est une cellule d’Eglise, une petite communauté qui ne peut vivre sans Elle…que la famille peut trouver un soutien dans l’Eglise, à l’extérieur de ses quatre murs. En partageant des temps de prière avec d’autres chrétiens, la prière familiale s’enrichit et s’ouvre, par exemple lors de vacances, avec un temps de prière proposé à une famille amie ou des cousins. En participant à une session où, en famille, on apprendra d’autres chants, d’autres spiritualités. En se rendant à une réunion de prière, ensemble, sur la paroisse. Les enfants se rendront compte qu’ils ne sont pas les seuls à vivre cette expérience et qu’il y a du bonheur à se retrouver pour prier en communauté.
Tout simplement aussi l’exemple de la prière personnelle d’un membre de la famille peut être comme un appel. Ainsi le papa d’Aimée, 5 ans, se recueille parfois seul le matin avant de partir au travail, tandis que les enfants achèvent de se préparer : « Dis, papa, j’aime bien quand on se met à genoux comme toi avec la bougie dans le salon. »…un encouragement pour oser à nouveau proposer un temps de prière que l’on avait mis depuis quelque temps de côté pour de mauvaises raisons…
Aude LORNE