Après les épreuves des décennies passées, le pays cherche à tourner la page et à rejoindre l’Union européenne. Pour contrer les effets de la sécularisation, l’Eglise s’efforce de vivifier le peuple chrétien en investissant sur la formation.
Candidat reconnu à l’entrée dans l’Europe depuis 2004, la Croatie s’est vue ouvrir les portes à la négociation en octobre 2005, non sans avoir subi un refus humiliant au printemps précédent, sous l’instigation du Tribunal Pénal International (TPI) qui reprochait au pays son manque de coopération dans la poursuite des criminels de guerre. Ce peuple a profondément été choqué et se sent mal aimé. Les blessures, passées et présentes, seront difficiles à guérir pour que la confiance s’établisse entre les Croates et l’Union européenne, d’autant que Carla del Ponte, procureur au TPI pour l’ex-Yougoslavie, semble s’acharner contre la Croatie et notamment contre l’Eglise dans ce pays.
Elle reproche à la congrégation des franciscains d’avoir donné refuge au général croate Ante Gotovina. Celui-ci est accusé d’atrocités contre les Serbes commises en 1995 dans la région de la Krajina. Les franciscains de Croatie et de Bosnie ont jugé ces accusations inacceptables et exigé des excuses. Le Saint-Siège a fait savoir que le “ministre des Affaires étrangères” du Vatican avait demandé des précisions sur ces accusations à Mme Del Ponte, qui a été jusqu’ici incapable de présenter des indices pouvant étayer de telles accusations. Finalement, le général a été arrêté en Espagne, où il s’était réfugié, le 11 décembre 2005. Faut-il parler de persécution ? L’Eglise est en tous cas visiblement prise pour cible, ce qui est d’autant plus regrettable que l’environnement religieux de l’ex-Yougoslavie est loin d’être apaisé.
Parfois qualifiée de “Petite Pologne” en raison des nombreuses similitudes entre les deux pays, la Croatie où 88 % de la population se déclarait catholique en 2001, était très proche de Jean-Paul II. Benoît XVI a repris le flambeau au cours de l’audience du 8 février 2006 en proposant comme modèle le bienheureux Louis Stepinac (1898-1960), qui a témoigné de la vérité et subi le martyre. Le 11 octobre 1946, après un procès monté de toutes pièces par le régime communiste de Tito, l’archevêque de Zagreb, Mgr Stepinac, était condamné à seize ans de réclusion. Il était reconnu coupable de trahison et de collaboration avec l’occupant nazi, ce qui est bien sûr surprenant sachant que la Gestapo avait projeté de l’éliminer. La vraie raison de cette condamnation était le refus de l’archevêque de constituer une Église catholique yougoslave séparée de Rome. Assigné à résidence, Pie XII le créa cardinal en 1952.
Recevant les vingt évêques croates au terme de leur visite ad limina le 6 juillet 2006, Benoît XVI les a félicités pour leurs initiatives en vue “d’une bonne préparation aux sacrements et à la participation liturgique”, tout en louant les efforts déployés pour “la formation religieuse et une catéchèse de qualité”, dans le respect des dévotions traditionnelles et des pèlerinages mariaux qui sont si nombreux en Croatie. Le pape a dit qu’une “proposition permanente des valeurs évangéliques” est nécessaire pour enrayer la sécularisation, encourageant les pasteurs à ne pas craindre de rappeler aux fidèles les exigences de l’Évangile. Il a demandé à ses hôtes d’avoir une attention toute particulière à la formation sacerdotale et de favoriser la fidélité et la prière dans les familles tout en réaffirmant l’importance de la présence des catholiques dans la vie publique et dans les médias.
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