L’émigration des chrétiens de la Terre sainte (ils ne représentent plus que 2,5 % de la population) inquiète les instances chrétiennes du monde entier.
A l’approche de Noël, notre cœur se tourne naturellement vers Bethléem, le berceau de notre Seigneur. Cet endroit est le symbole de la réconciliation, de la paix et du salut que Jésus-Christ a donné au monde. Mais, dès le début, Bethléem a aussi été le théâtre de deux drames, celui des portes et des cœurs fermés, lorsque la Sainte Famille n’a pas trouvé de place à l’auberge, et celui du massacre des Innocents.
Le père Werenfried a fondé l’AED au moment de Noël en 1947. Pour lui, le massacre des Innocents se perpétue aujourd’hui notamment dans les persécutions antichrétiennes, où c’est le Christ qu’on cherche encore à tuer. Pour lui, ce « pas de place à l’auberge » aura été déterminant dans la création de son Œuvre. La proximité avec Bethléem est donc triple.
Le 2 décembre, premier dimanche de l’Avent, une messe solennelle sera célébrée par l’AED à Beit Jala, près de Bethléem, pour marquer non seulement un retour aux racines de cette Œuvre, mais aussi un nouveau départ pour continuer à suivre l’étoile de la paix et de la réconciliation. Cette année, l’accent est mis sur les chrétiens en Terre sainte et au Proche-Orient, car 2 000 ans après la naissance du Christ, ils ne trouvent pas, dans leur propre pays, de « place à l’auberge », ce qui est tragique.
Le père Werenfried a visité la Terre sainte en 1956, pour voir le « Christ souffrant d’aujourd’hui » dans les chrétiens qui vivent sur place et dont le sort l’a profondément bouleversé. À l’époque, il a écrit : « C’est au nom de notre Œuvre que je suis allé en Terre sainte, terre où les collines, les chemins et les villages portent l’empreinte de notre Sauveur, où ont souri et pleuré Jésus et sa sainte Mère. Des vignes sèches, où Dieu a été en détresse et où l’Église est toujours marquée par la souffrance et la mort du Crucifié ».
Jusqu’à aujourd’hui, la situation n’a pas changé, elle s’est même détériorée. Les personnes qui habitent la région de Bethléem vivent comme dans une prison. Ils ne peuvent aller nulle part sans tomber sur des check-points et ne savent plus comment nourrir leurs familles. À Bethléem, il n’y a presque pas de travail, mais plus de deux tiers des habitants n’ont pas la possibilité de quitter la ville pour exercer une activité professionnelle ailleurs. Un chrétien de Bethléem dit : « Nous sommes à deux pas de Jérusalem, mais nous ne pouvons pas y aller ! On nous traite comme des terroristes ! » Mais il ajoute : « Cela signifie beaucoup pour moi d’être né dans la ville de David, à Bethléem, où Jésus est venu au monde. Je ne veux pas quitter mon pays, le pays de mes pères ; ma maison, ma famille, tout est ici ! »
Mais la tentation de l’émigration augmente. Pour l’AED, s’il n’y avait plus de chrétiens en Terre sainte, ce ne serait plus une terre sainte. Les lieux saints sont importants, mais les pierres vivantes, ce sont les chrétiens. Il nous faut donc les soutenir, pour les aider à rester dans leur pays.
L’AED appelle les chrétiens du monde entier à ne pas oublier leurs coreligionnaires au Proche-Orient et surtout en Terre sainte, qui « vivent au pays de Jésus en tant que derniers descendants d’une chrétienté baptisée par les apôtres », comme l’a dit le père Werenfried, et de les soutenir par des prières et une aide concrète pour qu’ils trouvent, dans leur pays, « une place à l’auberge».