3094-République Démocratique du Congo - France Catholique
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La justice de Dieu
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3094-République Démocratique du Congo

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Alors que l’Est du pays connaît à nouveau un état de guerre, accompagné d’une violence extrême, l’Église œuvre sans cesse pour la réconciliation et le service des plus pauvres.

Potentiellement très riche, le pays que l’on a parfois décrit comme un scandale géologique (il y a tellement de richesses concentrées au même endroit) n’en finit pas de s’enfoncer dans la détresse, déchiré par des prédateurs sans scrupules. Ce n’est plus seulement la pauvreté que les évêques dénoncent mais une pauvreté « multidimensionnelle », qui est à la fois matérielle, économique, morale et sociale.

Au-delà de la dénonciation, l’Église œuvre pour la réconciliation, ce que Benoît XVI vient de confirmer lors de la récente visite ad limina des évêques congolais : « Votre Conférence épiscopale ne cesse d’éveiller les consciences et d’affermir les volontés, apportant une contribution spécifique et concrète à l’établissement de la paix et de la réconciliation dans le pays ».

Cela passe notamment par une implication dans la vie politique du pays : “L’Église catholique du Congo a étroitement accompagné et soutenu les fidèles chrétiens et tous les hommes de bonne volonté pendant la longue période de la transition politique qu’a connue le pays”, déclaraient les évêques à la veille du premier scrutin des élections présidentielles en juillet 2006. Malgré les troubles et les violences, Radio Elikya, la radio catholique de l’archidiocèse de Kinshasa, a continué son programme habituel d’information en lançant des appels à la non-violence, en diffusant des chants de paix, ainsi que “le cri du Congo” un programme de paix élaboré par l’archidiocèse à l’initiative de feu le cardinal Etsou.

Par ailleurs se pose le problème lancinant de l’éducation : le nombre d’enfants qui ne sont pas scolarisés approche les 4,7 millions en RDC dont 2,5 millions de filles, soit près de la moitié des enfants en âge d’école primaire. Même en dehors des zones de conflit, l’école est hors de portée, trop chère pour beaucoup d’enfants. À la campagne, quand il y a trois ou quatre enfants, les parents choisissent l’un d’entre eux pour qu’il puisse étudier. Les autres attendent l’âge de quinze ans pour aller aux champs. Beaucoup d’enfants vivent dans des camps de déplacés, en proie à la mauvaise nutrition et aux épidémies. Un enfant sur trois, à l’âge d’un an, n’est pas vacciné contre la rougeole et 31% des enfants de moins de cinq ans sont sous-alimentés. Plus de six cents enfants meurent chaque jour, et autant d’adultes. Les estimations à disposition affichent un total de plus de quatre millions de morts en moins de 10 ans. Il s’agit d’ “une des crises humanitaires les plus meurtrières du monde”, lit-on dans le rapport du Fond pour l’Enfance des Na­tions-Unies.

En 2005, dans la partie Est du pays, on a recensé 25 000 cas de viol dont les victimes ont aussi été des enfants. Enfin, dans les centres urbains de la RDC, certains vivent dans la rue loin de leur famille qui les a souvent abandonnés. Ils sont régulièrement attaqués par d’autres enfants ou maltraités par la police. Des milliers sont considérés comme des “enfants sorciers” par leurs propres familles… Non seulement abandonnés, mais traités en pestiférés… C’est une bombe à retardement : ils volent, ils n’hésitent pas à tuer, ils se font tuer… Quand la foule se met à crier contre un petit voleur « c’est un sorcier », tout le monde va le lyncher, sans se poser de question.

L’Église fait son possible pour construire des centres dédiés aux jeunes mais rapidement se pose la question des moyens : que faire sans ressources ? En 2006, l’AED a soutenu l’Église au Congo avec plus de 2 millions d’euros, mais il reste tant à faire.

Marc FROMAGER