Après Vienne, Paris, Lisbonne et Bruxelles, Budapest est, toute cette semaine, la capitale européenne de l’évangélisation. L’idée est née de l’accord de cinq cardinaux, archevêques de grandes métropoles de notre continent, et elle a, d’année en année, démontré sa fécondité. Oui, l’Europe doit être réévangélisée ! Il ne faudrait d’ailleurs pas penser que cette nouvelle évangélisation serait inédite et qu’il y aurait eu une continuité sans ruptures depuis l’annonce de la Bonne Nouvelle des premiers siècles du christianisme. Il y a déjà eu plusieurs réévangélisations à l’intérieur de l’espace historique de l’Europe. La foi n’est pas une sorte de valeur patrimoniale qui se transmettrait facilement de générations en générations. Elle réclame de chaque personne, à supposer que la transmission se produise dans les meilleures conditions, une réappropriation intérieure, une conversion sans laquelle il n’y a pas de vie selon la grâce. Par ailleurs, la transmission se déploie dans l’histoire et ne cesse de se confronter à ses risques, ses tentations, ses divisions, ses erreurs comme autant d’occasions de chutes.
Il suffit de consulter n’importe quel historien pour se rendre compte que, dès les origines, la foi est bousculée et que chaque génération assume le choc de remises en cause, ne serait-ce qu’à l’exemple de l’héroïsme des saints. Le défi de notre temps est souvent caractérisé par le mot de sécularisation qui sous-entend que les sociétés modernes vivent désormais naturellement sous un mode a-religieux et que ce serait même la condition de la paix civile. Les convictions philosophiques et confessionnelles seraient désormais d’ordre privé et l’organisation de la cité ne serait plus dévolue qu’à un Droit forgé par les siècles démocratiques, auquel beaucoup ajoutent le dynamisme du Marché. La « neutralité axiologique » d’une telle conception favorise l’indifférentisme avec des conséquences qui n’alarment pas seulement les responsables religieux.
Les chrétiens sont parfois paralysés par la contagion des mentalités neutralistes. Un certain relativisme, parfois facilité par des conceptions aberrantes du dialogue interreligieux, s’est répandu chez beaucoup qui craignent également les ravages du fondamentalisme et du prosélytisme. C’est bien pourquoi il s’agit de ressaisir en profondeur l’impératif de l’évangélisation. Annoncer le Christ, selon saint Paul, n’est pas pour les chrétiens un choix hasardeux, c’est une obligation qui s’enracine au plus intime de la conscience et s’éclaire dans la certitude du Salut apporté pour l’unique rédemption du monde. Un colloque* sur le sujet se tiendra à Paris, le jeudi 4 octobre à l’initiative de l’Aide à l’Église en Détresse. Nous ne manquerons pas ce rendez-vous, où se retrouveront de hauts responsables de la hiérarchie catholique. La semaine d’évangélisation de Budapest aura, par avance, témoigné que la réévangélisation du XXIe siècle est en marche ! ■
* A St-Christophe de Javel (Paris XVe). Entrée libre. Inscription obligatoire auprès de Véronique Belle : belle@aed-france.org ou 01.39.17.30.25.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- FRISSONS : OTZI DANS SON FRIGIDAIRE