On me pardonnera, j’espère, mon insistance. L’ouvrage* que vient de nous donner Benoît XVI est d’un intérêt exceptionnel. Heureusement, les meilleurs esprits chez nous, ratifient ce jugement et la véritable indépendance de la pensée trouve ainsi à se manifester contre certains tabous de la
culture contemporaine. La semaine dernière, une séance de haute tenue s’est déroulée à l’Unesco** avec l’intervention de Mgr Joseph Doré et le témoignage du cardinal Martini. Ce dernier, ancien archevêque de Milan, et spécialiste mondialement connu de l’exégèse biblique, a pu parler en connaissance de cause de l’ouvrage de son confrère Joseph Ratzinger, en présentant d’ailleurs quelques objections d’ordre technique. Mais on retiendra surtout son émouvant aveu final. Le projet que lui-même envisageait d’une étude élaborant une mise au point sur la figure de Jésus au terme du travail de plusieurs générations de chercheurs, il y renonçait. Ce pouvait être pourtant son ultime ouvrage, la conclusion de sa vie. Mais, en quelque sorte, le Pape avait écrit le livre dont il rêvait et il n’y avait pas lieu de refaire ce qui avait été magistralement réalisé.
Mais plus généralement, ce Jésus de Nazareth pourrait susciter un bouleversement des consciences à plusieurs titres. Tout d’abord, il constitue une interpellation du milieu de l’exégèse critique, qui renâcle à admettre qu’on puisse s’intéresser à son travail sans s’enfermer dans ses instruments théoriques. Il peut être un peu humiliant de se voir rappeler que la recherche scientifique sur la Bible constitue aussi “un cimetière d’hypothèses” et que des thèses comme celle de Renan, et dans un autre domaine, de Bultmann, qui en d’autres temps semblaient dynamiter la foi des humbles, sont aujourd’hui réfutées et même oubliées. Mais l’essentiel est ailleurs, c’est-à-dire dans la reconnaissance de l’authenticité d’une personne qui n’a aucun équivalent dans l’histoire humaine et dont la force existentielle a révolutionné la terre et le ciel. C’est Jésus qui explique la théologie des Evangiles, ce n’est pas la communauté primitive qui a façonné son Jésus à partir de sa foi et de sa culture. C’est pourquoi il faut toujours en revenir à la personnalité singulière de celui qui revendique pour lui-même le Je suis du Dieu vivant.
C’est enfin l’opinion publique dans son ensemble qui devrait être touchée par cette invitation à connaître Jésus en esprit et en vérité et loin des fantasmagories et des fabrications de manipulateurs professionnels. Philippe Sollers écrit au Nouvel Observateur : “Benoît XVI, avec son intériorité fervente et savante, commence à inquiéter le spectacle de la dévastation globale”. Si c’est vrai, c’est une bonne nouvelle. Il faut lire ce Jésus de Nazareth d’urgence, le répandre autour de soi, et provoquer partout un dialogue salutaire.
Pour aller plus loin :
- « Jésus, Marie et Joseph ont connu cette maison »
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- 3132-La visite du Pape en France (synthèse)
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918