3074-Douloureux réveil - France Catholique
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La justice de Dieu
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3074-Douloureux réveil

Du fond de la Chine, le bruit d’émeutes anti Planning familial parviennent jusqu’à nous. Les familles pauvres y endurent une "politique démographique" impensable.
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C’est une jacquerie désespérée qui vient à nouveau de sortir de l’ombre des décennies de barbarie totalitaire en Chine. Des dizaines de milliers de paysans de la province de Guangxi, au sud du pays se sont rebellés contre la brutalité des fonctionnaires du Planning familial, les expulsant manu-militari de leurs villages et caillassant les bâtiments gouvernementaux. Riposte des forces de l’ordre : 28 « meneurs » ont été arrêtés. Alors que le dissident Chen Guangcheng vient de purger une peine de quatre mois de prison prononcée en janvier pour avoir dénoncé, il y a un an, les avortements forcés, les agences d’information officielles minimisent les troubles, sans être en mesure de les nier tout à fait. Car les médias alternatifs relaient des images par Internet. Pour la première fois, l’émotion semble ainsi passer la grande muraille et toucher l’Occident.

Il faut dire que la « police du ventre » chinoise n’y va pas de main morte. La panoplie de méthodes, vantée ici par nos « ultra-féministes » pour libérer les femmes de la procréation, leur est imposée là-bas pour interdire la maternité : examen gynécologique forcé, pose obligatoire du stérilet dès qu’est dépassé le « quota » (un seul enfant si c’est un garçon, un second si l’aîné est une fille). Enceinte illégalement, une femme pourra être forcée d’avorter, et ce jusqu’au huitième mois de grossesse. Si la naissance a déjà eu lieu, elle risque la stérilisation, en plus d’une amende représentant plusieurs mois de salaire. Pour les paysans pauvres dont les garçons constituent l’assurance vieillesse, c’est cette disposition financière, durcie ces derniers temps, qui semble avoir fait déborder la colère. Les témoignages affluents. Quand une famille est insolvable ses derniers biens sont emportés et sa maison détruite. L’armée des fonctionnaires dépêchés pour mettre au pas une province rétive à la politique de l’enfant unique est tenue de prouver son efficacité en millions de yuans rançonnés et en dizaines de milliers de stérilisations effectuées. Les (nouveaux) riches préférant payer l’amende, c’est un néo-malthusianisme étatique qui s’installe.

Pour obtenir un passe-droit, il faut s’inventer un ascendant dans une minorité ethnique (dispensée de la politique démographique), divorcer épisodiquement, prétendre que l’aîné est handicapé ou se rendre discrètement à Hong Kong pour accoucher. Les pauvres en sont réduits à enfanter au pays, dans la clandestinité, au prix d’un accroissement de la mortalité péri-
natale et maternelle. A l’autre bout de l’échelle sociale, les ventres des « people » censés donner l’exemple au peuple sont sévèrement scrutés par les médias. Car tous les moyens sont bons pour parvenir au chiffre de 1,5 milliard de Chinois en 2033, objectif affiché par l’Etat. Mais un débat commence à s’ouvrir en son sein sur le risque d’implosion démographique que court le pays. Sa pyramide des âges est non seulement inversée (en forme de toupie, une faible proportion de jeunes ayant à porter une grande majorité de « vieux ») mais aussi déséquilibrée au « profit » des hommes. Ces derniers sont déjà excédentaires par dizaines de millions, du fait de l’avortement sélectif ou de l’infanticide néonatal des filles que favorise la politique de l’enfant unique. Que feront dans leur errance solitaire 30 millions de Chinois privés de perspective conjugale dans leur nation ? Tenteront-ils d’émigrer en Europe ? Menace paradoxale car si la politique de l’enfant unique, lancée dans les années 70, après l’ère Mao, a longtemps été considérée avec bienveillance par un Occident en décrépitude démographique, c’est à cause d’une peur ancestrale de hordes venues de l’Est.

On a fermé l’œil sur les exactions du Planning familial parce que l’explosion démographique chinoise était associée au « péril jaune ». Certes, le boycott des jeux olympiques chinois est débattu en France à cause des atteintes aux droits de l’homme… mais surtout au Tibet. A en juger par la mobilisation du pouvoir autour du sort des infirmières bulgares détenues en Lybie ou de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, il reste beaucoup à faire pour défendre les femmes chinoises et leurs bébés.