3073-Christine Boutin ministre - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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3073-Christine Boutin ministre

La nomination de la candidate à l’élection présidentielle 2002 comme ministre du Logement et de la Ville récompense un parcours politique original.
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Christine Boutin ministre de plein exercice du premier «XV de France» de Nicolas Sarkozy, c’est pour certains observateurs, un signe d’ouverture aussi significatif que l’ouverture à gauche qui crée l’événement. Dans la France laïciste où il est de bon ton de déconnecter les «convictions privées» des responsabilités publiques, la députée des Yvelines n’a jamais caché que ses constantes prises de position au service de l’homme étaient nourries par sa foi chrétienne. Longtemps considérée à ce titre comme un électron libre par ses pairs, elle avait jusqu’ici été écartée des gouvernements de droite. On se souvient du temps des jupettes, ces femmes-alibis sans expérience politique répudiées après six mois d’expérimentation. C’était en 1995. Christine Boutin n’en était pas, se contentant de multiplier les champs d’intervention parlementaire, avec comme ligne directrice le respect de l’être humain le plus vulnérable : adoption internationale, famille, enfant et télévision, bioéthique, condition carcérale, droit au logement… Pas une seule fois, en plus de 20 ans de vie parlementaire, Christine Boutin n’a dévié de cette ligne, osant parfois voter seule contre tous, comme lorsqu’elle s’opposa à la stérilisation des personnes handicapées mentales, mais aussi capable d’entraîner de nombreux collègues dans ses propositions de lois comme pour l’aide aux femmes enceintes en difficulté ou l’interdiction de la pornographie à la télévision.

Malgré cette intense activité dans l’hémicycle, particulièrement efficace lorsqu’elle fut dans l’opposition (on lui doit la résistance acharnée au Pacs en 1998) ou à cause d’elle, elle ne figura pas non plus dans les gouvernements Raffarin ou Villepin sous le second mandat de Jacques Chirac.

Certains jugeront qu’elle bénéficie à son tour de la parité hommes – femmes qu’elle a combattu en politique, préférant la réserver… à la famille. Expliquer son avènement par ce «sexisme à l’envers» qu’elle a toujours jugé insultant pour les femmes, serait méconnaître son cheminement.

C’est d’abord l’intelligence du positionnement politique de Christine Boutin qui est récompensée. En vingt-cinq ans de «carrière», elle a certes épaulé de nombreux leaders, de Valéry Giscard d’Estaing, au lendemain de sa défaite de 1981, à Nicolas Sarkozy, dont elle est conseillère politique depuis quelques mois. Elle fut tour à tour proche de Raymond Barre (c’est comme barriste qu’elle fut élue députée en 1986) et de Philippe Douste-Blazy, du temps de la grande UDF, mais aussi de Philippe de Villiers à l’époque de Combat pour les valeurs. Cependant, alors que ce dernier a choisi, après une brève expérience gouvernementale, de demeurer extérieur «au système», tout en démontrant ses compétences en Vendée, Christine Boutin a toujours voulu tenir sa place dans la majorité (ou dans l’opposition). Sans jamais s’y perdre. La création en 2002 du Forum des Républicain Sociaux est l’aboutissement de cette posture. Parti «associé à l’UMP», le FRS entend en constituer le pôle social, tout en mettant le pied à l’étrier à une «nouvelle génération» politique que Christine Boutin, appelle de ses vœux. Avec 8 000 adhérents, le FRS ne pouvait être ignoré par le parti majoritaire d’autant que sa présidente occupe un segment électoral convoité.

C’est aussi sa cohérence qui a fini par payer. Loin de la caricature qu’on a faite d’elle, la fondatrice de l’Alliance pour les Droits de la Vie considère qu’il faut défendre dans le même élan l’embryon humain, la personne en fin de vie, celle qui est en prison ou sans logement. Une posture qui ne brouille les cartes que pour ceux qui n’en voient pas la logique. Et qui a le mérite de sortir la défense de la vie des marges protestataires. Les prises de positions sociales de Christine Boutin sont peut-être le meilleur service qu’elle ait rendu à la cause de la vie. Sur ce sujet, il faut d’ailleurs lui reconnaître du prophétisme : fraîchement élue à l’Assemblée nationale, elle fit d’abord un choix de «spécialité parlementaire» audacieux : le concept de famille était alors jugé «ringard» et les débats bioéthiques n’avaient pas encore émergé. Elle sut ensuite médiatiser ces sujets avec talent, apprivoisant par son humour un milieu médiatique idéologiquement hostile. On dit même qu’elle a récemment inspiré à Nicolas Sarkozy la contestation de mai 1968. L’extrême gauche ne s’y trompe pas qui fustige la présence d’une «anti-avortement» au gouvernement, sans voir que l’IVG est loin d’avoir apporté aux femmes le bonheur promis. Certes le nouveau président ne pouvait nommer Christine Boutin à la Santé, ni à la Recherche, ni même à la Famille, un thème d’ailleurs absent des titres des nouveaux ministres. Dans ces domaines sensibles, les options de Christine Boutin entrent encore en contradiction frontale avec celles de la classe politique et on ne l’imagine pas se renier. Il ne faut donc pas rêver qu’elle puisse inverser seule la tendance lourde qui marque l’effondrement des repères de la société.

On peut espérer que son influence au Conseil des ministres dépassera le cadre de son portefeuille ministériel . Même si on peut surtout craindre, à la Santé et à la Jeunesse, celle de Roselyne Bachelot, en quelque sorte l’anti-Boutin, qui crut devoir, un temps, soutenir le Pacs seule avec la gauche. C’est de cette époque (1998) que date la notoriété nationale de Christine Boutin mais aussi que, dans les coulisses, la plupart des responsables politiques, de toutes tendances, lui témoignent du respect.

Tugdual DERVILLE